"Le système de protection sociale français a mieux résisté à la crise" (Cornilleau, OFCE)

Par Propos recueillis par Jean-Yves Paillé  |   |  405  mots
Selon Gérard Cornilleau, le meilleur système de cotisation est celui avec un taux de prélèvement plus élevé mais qui va être plus sûr, avec un rôle d'assurance, et une redistribution socialement efficace.
La France est le pays de l'OCDE qui dépense la part la plus importante de son PIB pour les aides sociales, selon les dernières données de l'institution. A rebours du discours sur l'Etat dépensier, Gérard Cornilleau, spécialistes des politiques sociales à l'OFCE, pense que ces dépenses sont justifiées et que le système français est efficace.

La Tribune. Avec 32% de son PIB consacré aux dépenses sociales, la France est efficace dans sa politique de distribution des aides ?

Gérard Cornilleau. C'est un système de protection sociale évolué et généreux. Il corrige notamment la répartition des revenus. Ainsi, la France a l'un des niveaux de pauvreté les plus faible d'Europe et il n'a pas augmenté avec la crise. Ce n'est pas le cas de la Suède, autrefois vertueuse en matière de lutte contre la pauvreté. Le niveau de celle-ci a beaucoup augmenté ces dernières années.

Il n'y a pas de miracle, si l'on veut un système social avec beaucoup d'inégalités on réduit les dépenses sociales, pour obtenir le contraire on les augmente. Le système français a mieux résisté que les autres à la crise. Malgré les taux de prélèvements élevés on en a pour son argent.

La France est-elle vraiment efficace comparée par exemple à un pays de l'OCDE moins dépensier comme l'Allemagne ?

C'est un système plus large. Sur l'assurance-chômage par exemple, le système français est plus redistributif et intéressant que le système allemand dont le plafond, plus bas, est fait de cotisations et de prestations. Les chômeurs allemands cadres supérieurs ont une indemnité plus faible, ils doivent se protéger autrement en ayant plus d'épargne par exemple. Les chômeurs cadres français du même niveau de rémunération sont, quant à eux, couverts par l'assurance-collective. Comme ces derniers sont moins souvent au chômage que les autres, le système de redistribution se fait vers le bas et est plus égalitaire.

Le meilleur système de cotisation est celui avec un taux de prélèvement plus élevé mais qui va être plus sûr, avec un rôle d'assurance, et une redistribution socialement efficace.

Quels sont les défauts du système français ?

Pour la santé on pourrait penser que le système est incitatif à la dépense mais cela n'a jamais été démontré. Par contre, l'État met beaucoup d'argent dans l'assurance-privé. Nous sommes dans un système public (la sécurité sociale) superposé à un système privé (les mutuelles). Cette superposition coûte 5 milliards de dépenses de fonctionnement qu'on pourrait éviter en fusionnant mutuelles et sécurité sociale, comme c'est.le cas en Alsace-Moselle.