Lepaon remet son mandat au "parlement" de la CGT

Par latribune.fr  |   |  755  mots
Outre Thierry Lepaon, le sort de l'ensemble du bureau confédéral est sur la table.
La roue commence à tourner à la CGT. Ce mardi 6 janvier, Thierry Lepaon, l'actuel secrétaire général, et les huit autres membres du bureau de la CGT ont décidé de remettre leur mandat à la disposition du Comité confédéral national qui doit se réunir le 13 janvier.

La roue commence à tourner à la CGT. Les membres du bureau confédéral (direction resserrée) de la CGT, incluant le numéro un Thierry Lepaon, ont décidé de remettre leur mandat à la disposition du Comité confédéral national (CCN, "parlement" de la centrale) le 13 janvier, ont indiqué des sources syndicales à l'AFP. Cela n'équivaut toutefois pas à une démission.... pour l'instant

La direction de la CGT se réunissait ce mardi 6 janvier et demain mercredi 7 janvier pour débattre du sort de son numéro un Thierry Lepaon, dans la tourmente depuis des révélations sur son train de vie.

Au terme de ces deux jours, les 56 membres de la Commission exécutive (direction élargie) devront s'accorder sur des propositions de sortie de crise, qui seront soumises le 13 janvier au Comité confédéral national (CCN), le "parlement" de la CGT. Cette dernière instance, qui regroupe les numéros un des 33 fédérations et des 96 unions départementales, est la seule habilitée à révoquer le secrétaire général.

Débats animés

Le rendez-vous de mardi et mercredi promettait des débats animés à l'issue incertaine: faut-il proposer le départ du secrétaire général, son maintien avec un bureau confédéral (direction resserrée) remanié, la démission de tout le bureau, voire demander à l'ancien secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault de revenir  assurer une sorte d'intérim, comme ne l'exclut pas l'expert en questions sociales, Raymond Soubie, dans les colonnes du "Figaro"?

Pressé de démissionner par de nombreuses fédérations de la centrale, Thierry Lepaon s'était donné le temps de la réflexion jusqu'à la réunion de la Commission exécutive. Il a profité de ce sursis pour lancer, avant les fêtes, une offensive médiatique pour rester à la tête de la CGT. "Je ne serai pas le rat qui quitte le navire", a-t-il clamé. Pour sa défense, Thierry Lepaon rejette la responsabilité sur d'autres membres de la centrale qui veulent "porter atteinte à (son) honnêteté", lui qui vit pourtant "modestement". Autre argument: son départ "ne réglera pas les questions politiques qui se posent aujourd'hui à la CGT."

Mais en s'accrochant à son poste, Thierry Lepaon s'expose au camouflet d'une destitution par le "parlement" de la CGT. Plusieurs fédérations - dont celle des services publics, la plus puissante - se sont déjà prononcées pour sa démission.

De nouvelle révélation sur son salaire

De nouvelles révélations risquent de peser sur la balance. Selon Le Parisien qui s'est procuré les premiers résultats d'une enquête du syndicat sur le secrétaire général, la rémunération de 5.200 euros net par mois de ce dernier a été baissée en décembre 2014. Pourtant, Thierry Lepaon affirmait avoir demandé que sa rémunération soit baissée à 4.000 euros en mars 2013, affirme le quotidien.

Thierry Lepaon "se grandirait" en démissionnant  rapidement

Lundi, la pression s'est encore accrue un ancien numéro 1 de la CGT, Louis Viannet, a appelé Thierry Lepaon à démissionner.

Il a ainsi expliqué dans une interview au Monde, lundi 5 décembre, que ce dernier "se grandirait" en "annonçant publiquement et avant même la réunion du comité confédéral national sa décision de remettre son mandat". Selon l'ex-numéro 1, la crédibilité du secrétaire général actuel est "perdue".

Le sort de l'ensemble du bureau confédéral est en jeu

Outre Thierry Lepaon, le sort de l'ensemble du bureau confédéral est sur la table. En son sein siègent plusieurs détracteurs du secrétaire général actuel qui se sont opposés à sa gestion de la crise.

Une note adressée mi-décembre à toute la CGT relevait "un problème de cohésion au sein du bureau confédéral", estimant nécessaire "des propositions d'évolution totale ou partielle de la composition" du bureau.

La direction resserrée a déjà perdu un de ses membres, le trésorier Eric Lafont démissionnaire début décembre. Il était pointé du doigt pour avoir validé les travaux de l'appartement et du bureau de Thierry Lepaon. Beaucoup estiment qu'il a servi de fusible.

Pour éviter que l'affaire ne tourne au clash, plusieurs fédérations importantes proposent de temporiser, en mettant en place une "direction collégiale" jusqu'au prochain congrès en 2016.

Article publié à 10h59, mis à jour à 17h26.