Le président du Sénat ne veut plus travailler avec celui de l'Assemblée nationale

Par latribune.fr (avec Reuters)  |   |  530  mots
"Ni l'émotion personnelle, ni les divergences institutionnelles ne doivent faire perdre son sang-froid ou remettre en cause la responsabilité singulière que nous confient nos fonctions", a répondu Claude Bartolone au président du Sénat.
Claude Bartolone a réaffirmé jeudi être favorable à la suppression du Sénat. Son président Gérard Larcher en a conclu que leur travail commun dans le cadre la mission de réflexion après les attentats de janvier n'était plus possible.

Les sénateurs de tous bords politiques se rebiffent contre le président de l'Assemblée nationale. Ils lui reprochent notamment d'avoir une nouvelle fois plaidé, jeudi 29 janvier sur RMC et BFMTV, en faveur de la suppression de leur assemblée.

Le socialiste Claude Bartolone avait notamment répété lors de l'émission qu'il était favorable à une "suppression du Sénat en tant que Sénat", en prônant son rapprochement avec le Conseil économique, social et environnemental (CESE). En insistant sur des propositions qu'il avait déjà émises dans son livre publié en octobre, Je ne me tairai plus, il s'était dit favorable à la création d'un Bundersrat à l'allemande.

Une interview "inopportune"

La polémique a rapidement enflé après ces propos. Lors d'un rappel au règlement improvisé avant les questions d'actualité du Sénat, les présidents des divers groupes ont réaffirmé leur attachement au bicamérisme et apporté leur soutien au président de l'institution mis en cause, l'UMP Gérard Larcher.

Cette interview "était inadaptée, inopportune et dans un temps politique qui n'était pas convenable", a estimé le sénateur écologiste Jean-Vincent Placé. Eliane Assassi, présidente du groupe communiste, républicain et citoyen (CRC) a observé que l'on ne pouvait pas "jeter en pâture un sujet aussi important que le devenir de nos institutions" sur un plateau de télévision.

"Pas possible de travailler en commun"

Gérard Larcher a pour sa part lancé:

"Le bicamérisme, c'est plus de démocratie, c'est plus de liberté, c'est plus de représentation dans la diversité".

Celui-ci est ensuite allé jusqu'à déclarer à l'AFP:

"Il n'est pas possible de travailler en commun. Nous n'avons pas la même conception des institutions".

"M. Bartolone a fait ce matin une déclaration sur sa volonté de faire disparaître le Sénat en tant qu'institution parlementaire, à un moment au contraire où il aurait dû avoir une attitude propice au rassemblement et à l'unité, selon le vœu du Président de la République", lui a-t-il reproché.

Et l'élu des Yvelines de conclure:

"J'avais rendez-vous ce matin avec lui pour travailler ensemble sur la mission que nous a confiée François Hollande après les attentats sur l'engagement républicain et le sentiment d'appartenance à la nation. Constatant le profond désaccord de conception institutionnelle entre le président de l'Assemblée nationale et moi-même, je lui ai fait savoir que le travail en commun sur cette mission n'était plus en conscience possible. Je lui ai fait savoir que je répondrai à la demande du président de la République directement.

Ne pas "perdre son sang froid"

La réponse de Claude Bartolone a été aussi vive:

"Je vous le dis très solennellement, ni l'émotion personnelle, ni les divergences institutionnelles ne doivent faire perdre son sang-froid ou remettre en cause la responsabilité singulière que nous confient nos fonctions", a-t-il écrit au président du Sénat.

Ne voyant dans sa démarche qu'un "alibi" pour refuser tout travail en commun, il l'a appelé à ne pas rompre "l'unité nationale" qui a suivi les attentats de Paris,