La grippe A "en recul au Mexique, l'OMS peu optimiste : notre dossier complet

Par latribune.fr  |   |  945  mots
L'épidémie de grippe porcine ou "A" est "en recul" au Mexique, mais la prudence doit rester de mise, a annoncé ce dimanche le ministre de la Santé mexicain. L'épidémie a fait jusqu'à présent 23 morts (22 au Mexique et un aux Etats-Unis) et s'est propagée à 20 pays. L'OMS craint que le déclin du virus soit suivi d'un retour en force par la suite.

Si le dernier bilan au Mexique, considéré comme l'épicentre du virus, a grimpé lundi de 19 à 22 morts, en majorité des femmes, et de 487 à 568 malades, l'épidémie est en "phase de recul", selon le ministre de la Santé, José Angel Cordova. "Chaque jour nous observons une diminution des cas graves et de fait, la mortalité a diminué", a-t-il poursuivi. Autre motif d'espoir, le dernier décès remonte au 28 avril. Le gouvernement se penchera lundi sur la question des écoles, fermées à Mexico depuis le 24 avril.

Aux Etats-Unis, le bilan a été relevé à 160 cas confirmés (contre 143 précédemment), la plupart bénins. La grippe a fait un mort dans ce pays, un bébé mexicain. Plus d'un millier de personnes ont probablement été infectées à New York - dont 63 cas ont été confirmés par des tests en laboratoire, et toutes sont guéries ou en voie de l'être. Une trentaine de nouveaux cas ont été signalés samedi au Canada, portant le total à 85. "Nous constatons des signes encourageants et nous en sommes tous très contents", a déclaré Richard Besser, directeur des Centres fédéraux de contrôle et de prévention des maladies (CDC).

En France, deux nouveaux cas de grippe porcine ont été confirmés lundi, une femme de 24 ans et un homme de 23 ans hospitalisés à la Pitié-Salpétrière à Paris qui avaient effectué un voyage au Mexique, a indiqué lundi le ministère de la Santé. Ces deux nouveaux cas font passer le total des cas avérés en France à quatre, dont une autre femme de 24 ans qui est déjà sortie de l'hôpital. La troisième personne hospitalisée est un homme de 49 ans qui se trouve à l'hôpital Bichat, rappelle le ministère. Au total, il y a actuellement huit cas probables de grippe A(H1N1) en France, précise-t-on encore. Au total, 36 cas possibles étaient en cours d'investigation vendredi, selon l'InVS.

L'épidémie s'est étendue à 18 pays sur quatre continents. Hormis le Mexique, les Etats-Unis, le Canada et le Costa Rica, la maladie a été détectée également en Europe (Allemagne, Autriche, Danemark, Espagne, France, Irlande, Italie, Pays-Bas, Royaume-Uni, Suisse), au Moyen-Orient (Israël), en Asie (Hong Kong, Corée du Sud) et en Nouvelle-Zélande.

Positions de l'Organisation mondiale de la santé

Lundi, l'OMS a appelé à ne pas crier victoire trop tôt, avertissant que le pire restait peut-être à venir. La grippe porcine pourrait décliner avant de refaire surface avec une virulence sans précédent, a averti sa directrice générale, Margaret Chan, au Financial Times.  "Si cela se produisait, cela serait la pire des épidémies que le monde aurait à affronter au 21e siècle", a déclaré Margaret Chan. "Nous espérons que le virus disparaîtra, car, si ce n'est pas le cas, nous allons tout droit vers une épidémie d'envergure".

"Nous n'avons pas encore constaté une transmission soutenue" en dehors du continent américain, a tempéré le Dr Michael Ryan, directeur du Réseau mondial d'alerte et d'action en cas d'épidémie (GOARN) de l'OMS.

L'OMS conseille désormais aux pays d'encourager la réduction des voyages ainsi que les rassemblements liés aux transports publics, mais elle ne recommande pas de restrictions officielles de déplacement vers les pays touchés. Les pays affectés sont en outre invités à distribuer des antiviraux et à lancer la préparation de la vaccination. Mercredi soir, l'OMS a relevé à 5 son niveau d'alerte, sur une échelle qui en compte 6, ce dernier niveau indiquant qu'une "pandémie mondiale est en cours".

Sécurité alimentaire

Par ailleurs, le virus H1N1 a été détecté au sein d'un troupeau de porcs de l'Alberta (ouest du Canada). Selon les autorités canadiennes, il est "fort probable" que les porcs aient été exposés au virus par un agriculteur s'étant rendu récemment au Mexique. L'homme est guéri et tous les porcs sont également guéris ou en voie de l'être. L'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA) a affirmé que la sécurité alimentaire n'était pas affectée.

Cette annonce pourrait pourtant avoir des répercussions sur le commerce alors qu'une quinzaine de pays, dont la Chine et la Russie, des marchés considérables, ont interdit ou restreint l'importation de porcs ou de leurs produits dérivés provenant des Etats-Unis, du Canada et du Mexique. Ces trois pays ont appelé samedi dans une déclaration commune "à ne pas se servir de l'apparition de la grippe porcine pour limiter inutilement le commerce".

Alors que l'Egypte a commencé samedi l'abattage massif des porcs, quatre organisations internationales ont dénoncé samedi dans un communiqué conjoint le boycott du porc. L'OMS, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et l'Organisation mondiale de la santé animale (OIE) affirment que la viande de porc "n'est pas source d'infection" dès lors qu'elle est préparée selon les règles d'hygiène de base.

La réaction la plus vigoureuse est venue de la Chine qui, après l'apparition du virus, détecté vendredi sur un Mexicain arrivé à Hong Kong, a placé à l'isolement 41 Mexicains, sans avoir de symptômes de la grippe porcine, selon l'ambassade mexicaine à Pékin. En représailles, le Mexique recommande à ses ressortissants de "ne pas voyager en Chine". Quant aux clients et membres du personnel de l'hôtel Metropark de Hong Kong - 300 personnes au total -, ils restaient confinés dans l'établissement pour sept jours car le Mexicain porteur de la grippe porcine y était resté quelques heures.