La grève européenne du lait ne faiblit pas

Par latribune.fr  |   |  595  mots
Selon la fédération européenne des producteurs laitiers (EMB), plus de 40.000 éleveurs participent actuellement à la grève du lait, démarrée jeudi dernier. Alors que la Commissaire européenne à l'agriculture, Mariann Fischer Boel, entend présenter demain jeudi au parlement européen de "nouvelles idées", le ministre français de l'Agriculture a multiplié les annonces.

Plus de 40.000 éleveurs de huit pays européens participent à la grève du lait, ont affirmé ce mercredi à Bruxelles les responsables de la fédération des producteurs laitiers (EMB, 100.000 producteurs), en appelant la Commission européenne à intervenir contre la chute du prix du lait.

Les agriculteurs de la Wallonie belge (sud du pays) ont ainsi déversé ce mercredi sur un champ 3 millions de litres de lait, soit l'équivalent de la production d'un jour en Wallonie. Des appels à la grève ou des actions spontanées ont également eu lieu en Allemagne, Autriche, Espagne, dans le nord de l'Italie, au Luxembourg et aux Pays-Bas, selon l'EMB.

Devant une crise qui n'en finit pas, la Commissaire européenne à l'Agriculture, Mariann Fischer Boel, entend présenter demain jeudi au parlement européen de "nouvelles idées".

Par ailleurs, quelque dix-huit pays européens soutiennent un texte franco-allemand proposant une "nouvelle régulation" du secteur, en lieu et place du système voué à disparaître des quotas. Il faut notamment obliger les industriels à s'engager chaque année auprès des producteurs "à prendre tel volume de lait et à tel prix", a souligné le ministre français de l'Agriculture, Bruno Le Maire.

Les organisations syndicales françaises divisées

En France, d'où est parti le mouvement de grève jeudi dernier, "le gouvernement estime que plus de 45% du lait n'a pas été livré aux laiteries", a indiqué Pascal Cousté, membre du bureau de l'APLI, l'une des organisations françaises membres de l'EMB.

Mais les organisations syndicales sont également très partagées en France sur l'opportunité de la grève et se livrent à une guerre des chiffres sur le taux de participation au mouvement. Mardi, premier jour du salon de l'élevage à Rennes (le Space), le président de la FNSEA, Jean-Michel Lemétayer, a ainsi été violemment pris à parti par des manifestants favorables à la mobilisation, à laquelle la FNSEA, premier syndicat agricole français, s'oppose.

Face à cette colère, Michel Lemétayer a répété devant la presse son hostilité à la grève du lait, mais il a aussi dénoncé la "position très libérale qui sévit au niveau européen et qui est un jeu de massacre pour les producteurs".

Le lendemain, la FNSEA appelait cependant l'ensemble des agriculteurs, toutes productions confondues, à une journée de mobilisation le 16 octobre pour protester contre la baisse de leurs revenus.

Le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, qui est auditionné ce mercredi à la commission des Affaires économiques de l'Assemblée nationale, a pour sa part annoncé mardi sur le salon de Rennes l'octroi de 30 millions d'aides supplémentaires pour l'élevage.

Les agriculteurs exonérés de taxe carbone ?

Le ministre français a également annoncé une réunion "d'ici fin octobre" avec les banques, la Mutualité sociale agricole et les assurances "pour participer à l'effort collectif" de soutien aux filières en difficulté, notamment celles du lait et du porc.

Lundi, il avait par ailleurs annoncé le lancement d'un "grand débat" pour préparer le futur projet de loi de modernisation de l'agriculture, qui portera notamment sur la question des revenus des agriculteurs.

Le ministre a de plus exprimé ce mercredi le souhait que les agriculteurs soient exonérés "au moins de moitié" de la taxe carbone. Il faut que cette exonération "ne se fasse pas sous la forme de remboursement six mois ou huit mois plus tard. Cela poserait un problème de trésorerie majeur aux agriculteurs mais que cela soit le plus immédiat possible", a déclaré le ministre.