Réunion de crise des ministres de l'Agriculture européens sur la filière laitière

Par latribune.fr  |   |  485  mots
Manifestation de producteurs de lait à Bruxelles ce 5 octobre
Sous la pression des manifestations des producteurs de lait dans plusieurs pays européens depuis le 10 septembre, les ministres européens de l'Agriculture ont tenu ce lundi à Bruxelles une réunion extraordinaire pour tenter de trouver des solutions à la crise du secteur. Un exercice difficile alors qu'entre tenants des subventions et partisans de la libéralisation, les positions semblent difficilement conciliables au sein de l'Union.

Alors que se tient ce lundi une réunion des ministres de l'Agriculture des vingt-sept pays de l'Union européenne (UE), Mariann Fischer Boel, la commissaire européenne à l'Agriculture, a émis des doutes sur la possibilité d'une régulation du marché appelée de ses vœux par les producteurs et certains pays de l'UE.

"Je ne suis pas sûre que l'idée d'un marché régulé par la Commission sur le niveau de production et sur les prix soit soutenue" par les gouvernements européens, a-t-elle souligné à son arrivée à la réunion extraordinaire des ministres qui se tenait à Bruxelles.

Les producteurs de la filière et un groupe de pays - composé principalement de la France, l'Allemagne, la Belgique, l'Italie, la Pologne et l'Espagne - demandent en effet une "nouvelle régulation" dans la profession afin d'enrayer la chute des prix.

Depuis 2007, les prix du lait versés aux producteurs ont chuté de 50% dans les cas les plus extrêmes, passant de 30 à 40 centimes d'euro le litre à 24 centimes aujourd'hui en moyenne dans l'UE, et même en dessous de 20 centimes dans certains cas. Depuis le 10 septembre, les producteurs protestent en multipliant les manifestations, les distributions gratuites ou encore l'épandage de lait.

Les pays de l'Union partagés sur les mesures à prendre

Cette "nouvelle régulation" pourrait passer par le maintien d'aides importantes au secteur ou par celui des quotas laitiers, qui doivent diminuer progressivement pour disparaître complètement en 2015. Si les pays de l'UE semblent s'accorder à ne pas vouloir laisser la filière laitière livrée à la seule loi du marché, ils restent en revanche en désaccord sur les mesures à prendre.

Mariann Fischer Boel a jugé ce lundi que les mesures de soutien au secteur déjà décidées par ses services commençaient à faire remonter sur les prix, semblant du même coup en exclure de nouvelles. Quant à renoncer à supprimer les quotas laitiers, elle s'y est toujours fermement opposée.

Elle a en revanche exprimé le souhait que soit étudiée la mise en place de "relations contractuelles" entre producteurs laitiers et industriels, afin d'offrir aux premiers "plus de pouvoir de négociation" dans la fixation des tarifs, et de limiter les effets "de la volatilité des prix".

La réputation de l'Europe "ternie"

Par ailleurs, la commissaire a critiqué ce lundi les actions menées par les agriculteurs : "ces images ont détruit la réputation de l'Europe dans les pays en développement", donnant l'impression qu'à "une époque où la famine reste un problème mondial, les agriculteurs européens détruisent de la nourriture à grande échelle juste pour recevoir plus de subventions", a-t-elle affirmé.

Ce lundi encore, des manifestations de producteurs se sont déroulées en France, en Midi-Pyrénées, notamment dans le Tarn, les Hautes-Pyrénées et l'Aveyron, ainsi qu'à Caen, où entre 150 et 300 tracteurs ont manifesté dans le centre-ville.