La Grèce sous la menace de mouvements sociaux

Par latribune.fr  |   |  442  mots
La Grèce, qui a remis à Bruxelles un plan d'austérité pour réduire ses déficits, pourrait avoir à gérer des mouvements sociaux importants dans le mois qui vient. Les salariés du privé comme ceux du public ont déposé des préavis de grève, les premiers contre la réforme des retraites, les seconds contre les coupes dans les salaires des fonctionnaires.

Approuvé par la Commission de Bruxelles mercredi et loué par la Banque centrale européenne jeudi, le plan grec de réduction des déficits publics pourrait provoquer une forte grogne sociale au sein du pays.

Le gouvernement grec a remis à la Commission européenne un programme de stabilité et de croissance prévoyant de ramener le déficit public à 2,8% du PIB en 2012, après 12,7% en 2009 et 8,7% prévu en 2010. Pour cela, le gouvernement entend augmenter les taxes, geler les salaires dans le secteur public et réformer les retraites. Autant de mesures qui "vont dans le bon sens", a estimé jeudi le président de la BCE, Jean-Claude Trichet.

Mais les syndicats ne l'entendent pas de cette oreille. La Confédération des travailleurs de Grèce (GSEE, 600.000 adhérents) a appelé à une grève nationale de 24 heures dans le secteur privé, le 24 février, pour protester contre les projets gouvernementaux et, surtout, contre la réforme des retraites programmée pour le printemps.

Allongement de l'âge de la retraite

La confirmation de ce mot d'ordre, proposé mercredi par la direction de la GSEE, proche des socialistes au pouvoir, a été donnée après l'annonce surprise faite mardi soir par le Premier ministre Georges Papandréou, d'un allongement de l'âge de la retraite.

Le gouvernement "nous avait promis qu'il n'y aurait pas de changement sur ce point [...] Allonger l'âge de la retraite n'apporte aucune solution", a affirmé le secrétaire général de la Confédération, Yiannis Panagopoulos. La GSEE a également quitté le dialogue social organisé par le gouvernement sur le projet de réforme.

La presse estime que le gouvernement entend probablement aligner toute une série de catégories professionnelles bénéficiant de retraites anticipées sur le régime général de retraite à 65 ans.

Du côté du secteur public, la grogne monte est palpable également. L'autre grande confédération syndicale grecque, l'Adedy (200.000 membres), représentant les employés du public, a appelé à une grève de 24 heures, le 10 février, pour protester contre les coupes dans les revenus des fonctionnaires.

La menace d'une crise sociale est d'autant plus à prendre au sérieux en Grèce que le pays a vécu de graves émeutes en décembre 2008, suite à la mort d'un adolescent lors d'une bavure policière. Ces émeutes, intervenues dans un contexte de revendications syndicales fortes, avaient dévoilé au reste de l'Union européenne le désarroi d'une jeunesse grecque confrontée aux iniquités sociales découlant de la corruption et à un taux de chômage endémique (plus de 17% chez les 15-29 ans).