Etats-Unis : A marée noire exceptionnelle, moyens exceptionnels

Par latribune.fr  |   |  782  mots
Alors que l'essentiel du pétrole qui s'échappe depuis 10 jours de la plateforme pétrolière située dans le Golfe du Mexique s'approche des côtes de la Louisiane, la mobilisation grandit. Le président américain Barack Obama s'est rendu sur place dimanche. La France se tient prête à aider.

Après avoir précisé que l'essentiel du pétrole qui s'échappe de la plateforme pétrolière qui a sombré le 22 avril devraient plutôt atteindre les côtes dimanche, le gouverneur de la Lousiane a déclaré que "cette nappe de pétrole menace non seulement nos marais et nos pêcheries, mais aussi notre mode de vie". Désignée comme la pire jamais intervenue aux Etats-Unis depuis des décennies, cette marée noire menace notamment la production des huîtres de Louisiane, une source de revenus vitale pour la région et le symbole d'une culture économique locale et beaucoup d'ostréiculteurs craignent la fin pour leurs entreprises.

Les garde-côtes estimeraient d'après la presse américaine,  que la fuite de pétrole pourrait s'aggraver considérablement, déversant des millions de litres de brut chaque jour au lieu des 800.000 litres actuels. S'appuyant sur des images satellitaires, un expert travaillant pour l'université de Miami, Hans Graber, a déclaré à l'AFP que la superficie de la nappe de pétrole était au moins trois fois supérieure à ce qui avait été initialement évalué. Jeudi, elle atteignait 9.000 km2 contre 2.600 lundi selon lui.

Pendant ce temps, la direction de British Petroleum (BP) qui exploite la plateforme à l'origine de cette catastrophe, tente toujours de colmater la fuite. Elle a expliqué que quatre engins sous-marins tentent de fermer à la source la valve de sécurité du puits, sans succès pour l'instant. Pour boucher la sortie du puits, le groupe a indiqué fabriquer aussi un énorme "couvercle" de 70 tonnes à poser sur le fond de la mer, un travail qui devrait prendre plusieurs semaines. Depuis samedi, la compagnie a commencé à forer des puits de secours pour réduire la pression et injecter un enduit pour boucher définitivement le puits.

Parallèlement, plusieurs opérations simultanées sont en cours. Des équipes continuent d'injecter, au moyen de bateaux et d'avions, des produits chimiques dispersants tandis que d'autres se rendaient dans les zones côtières menacées pour les opérations de nettoyage.

Plus de 84 kilomètres de barrages flottants ont été déployés et plus de 3,8 millions de litres de pétrole mélangé à de l'eau ont déjà été retirés. Une partie des eaux du Mississippi, plus grand fleuve du pays, était détournée en direction des marais afin de repousser la marée noire, décrétée "catastrophe nationale" par l'administration.

Le président Obama, qui s'est rendu sur place ce dimanche, a qualifié la marée noire de catastrophe "peut-être sans précédent". "En tant que président des Etats-Unis, je ne ménagerai pas mes efforts pour répondre à cette crise", a-t-il promis, soulignant qu'elle risquait de "se prolonger longtemps" et de "menacer les moyens d'existence de milliers d'Américains".

Le président a défendu son administration, critiquée pour la lenteur de sa réaction. "Le gouvernement fédéral a lancé et coordonné une intervention où tous les acteurs sont impliqués, sans relâche, depuis le premier jour", a-t-il dit. Le président américain a fait état de la présence de 1.900 fonctionnaires fédéraux dotés de 300 bateaux et aéronefs dans la région. Samedi, il a nommé un amiral des garde-côtes, Thad Allen, à la tête des opérations d'urgence.

Pour ce dernier, la marée noire n'a pas entravé de manière significative la production américaine de pétrole et de gaz ni le transport maritime le long des côtes méridionales des Etats-Unis tout en prévenant que la circulation des navires de commerce pourrait finir par être touchée, la nappe de pétrole se déplaçant vers le Mississippi et l'Alabama.

Les premières plaques de pétrole ont touché dès jeudi soir des marais proches de l'embouchure du Mississippi, près de la commune de Venice (sud). Un premier oiseau touché, un fou de Bassan, a été recueilli samedi et démazouté par une association embauchée par BP. Cela "pourrait devenir un cauchemar" a déclaré Mark Floegel, un responsable de Greenpeace qui se trouvait en Louisiane samedi.

Interrogé par Europe 1 et le quotidien Le Parisien Aujourd'hui en France, le chef de la diplomatie, Bernard Kouchner a déclaré que la France était prête à aider. "Nous avons promis d'être à leur disposition dans le domaine de la chimie du pétrole, des spécialistes du nettoyage, nous avons une petite expérience", a t-il expliqué avant d'ajouter que "pour le moment, aucune équipe n'est partie". "Pour l'heure, les Américains ne nous ont pas demandé une aide précise".