Risque de ralentissement de l'économie chinoise : les derniers chiffres

Par latribune.fr  |   |  833  mots
L'indice des directeurs d'achat (PMI) du mois de juin enregistre un ralentissement de la croissance de l'activité chinoise.

Le rythme de la croissance du secteur manufacturier chinois a ralenti en juin en réaction aux efforts déployés par Pékin pour freiner l'expansion du secteur immobilier et contenir l'augmentation des crédits. Le manque de souffle de la reprise mondiale heurte aussi la confiance des entrepreneurs chinois.
Deux indicateurs reposant sur l'opinion des directeurs d'achats publiés jeudi montrent qu'ils anticipent une décélération de l' économie chinoise sans pour autant montrer le coup de frein que craignaient certains analystes.
 

Chang Liqun, conseiller économique du gouvernement, a pour sa part évoqué un "ralentissement progressif" de l' économie dans son ensemble. "L' économie chinoise est à un seuil critique de stabilisation après son ascension", a-t-il déclaré.

Qu Hongbin, chef économiste pour la Chine chez HSBC, juge quant à lui que l' économie connaît un ralentissement évident après une croissance de 11,9% au premier trimestre en rythme annuel.  "Mais les craintes d'un atterrissage brutal sont exagérées. Nous anticipons une croissance d'environ 9% au deuxième semestre, soutenue par une poursuite des investissements et par la vigueur de la consommation des ménages", a-t-il poursuivi.
 

Indices PMI

L'indice PMI (indice des directeurs d'achat) officiel est ressorti à 52,1 en juin contre 53,9 en mai. C'est le chiffre le plus faible depuis février et il est bien inférieur au chiffre de 53,1 prévu en moyenne par dix analystes interrogés par Reuters. Une étude similaire réalisée quant à elle par HSBC montre un repli plus net à 50,4 le mois dernier contre 52,7 en mai.
Dans les deux cas, ces indicateurs, qui donnent une photographie des conditions d'activité dans le secteur manufacturier, restent supérieurs au seuil de 50 qui marque la séparation entre croissance et contraction.

Le détail de l'indice de HSBC montre toutefois que la production et les prises de commandes ont nettement diminué pour la première fois depuis mars 2009, période pendant laquelle l' économie mondiale était enrayée.  Les composantes de l'indicateur officiel mettent quant à eux en évidence une certaine mollesse de la production, des nouvelles commandes à l'exportation, des commandes en carnet, des importations et de l'emploi, autant de segments qui sont ressortis en baisse en juin.


"L' économie chinoise tiédit et les secteurs de l'exportation et de l'importation sont les premiers à en ressentir les effets", a commenté He Yifeng, analyste de Hongyuan Securities.  Selon lui, l'indicateur PMI officiel pourrait diminuer davantage encore en juillet mais il n'exclut pas une reprise dès que les effets des mesures de durcissement de la politique économique chinoise s'estomperont.
"Il n'y a pas de quoi s'inquiéter outre mesure d'une évolution en W de l' économie chinoise ", a-t-il dit. "S'il n'y a pas d'autres mesures de durcissement, l' économie chinoise restera en bonne santé."
 

Exportations menacées


Les économistes soulignent d'ailleurs que les pressions inflationnistes, mesurées par la composante des prix payés par les entreprises manufacturières pour leur production, diminuent, ce qui est de nature à rassurer les décideurs politiques sur le risque d'une surchauffe de l'activité de crédit.
Ce rayon de soleil dans des indices PMI nuageux a d'ailleurs permis à la Bourse de Shanghai de limiter ses pertes jeudi par rapport aux autres places asiatiques, puis aux Bourses européennes.

Pékin a donné un sérieux coup de frein à la croissance de l'industrie du crédit pour contenir l'emballement du secteur de l'immobilier. Ces mesures ont eu un certain succès puisque les prix de l'immobilier ont dégringolé ces dernières semaines dans certaines villes chinoise s .
Si le secteur de l'immobilier ne représente qu'environ 10% du produit intérieur brut chinois, le Premier ministre Wen Jiabao a prévenu cette semaine qu'il était encore trop tôt pour mettre fin à cette politique.

L' économie prend la direction souhaitée par le gouvernement, a-t-il dit mercredi à des économistes et des hommes d'affaires.
Selon le Bureau national de la statistique, le recul de l'indice PMI officiel reflète les effets du durcissement de la politique chinoise mais également des perspectives ternes pour les exportations.  Ces flux sont pénalisés par la crise de la dette souveraine européenne, la suppression de certaines subventions à l'exportation et la perspective d'une concurrence de plus en plus aiguisée.

Brian Jackson, stratégiste de Royal Bank of Canada à Hong Kong, souligne qu'un ralentissement de la croissance au deuxième semestre est inéluctable dans la mesure où le plan de soutien à l' économie de 4.000 milliards de yuans (483 milliards d'euros) mis en place par Pékin il y a un an et demi commence à cesser de produire ses effets, alors que l'impact du durcissement de la politique chinoise est de plus en plus évident.  "L'amplitude du ralentissement dépendra fortement de l'évolution des exportations chinoise s . Les exportations ont continué de montrer une forte croissance dans la région jusqu'à présent, mais les derniers développements en Europe ont mis en évidence un risque majeur de ralentissement pour le mois", écrit-il dans une note.