L'Iran franchit une nouvelle étape clé dans son programme nucléaire

Par latribune.fr  |   |  423  mots
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A l'aube des négociations sur les activités nucléaires de l'Iran dans le cadre de l'ONU, Téhéran annonce pouvoir faire lui-même un produit servant à enrichir l'uranium. Washington assure n'être pas surpris mais observe que cette annonce "soulève de nouvelles préoccupations."

Alors qu'à partir de ce lundi, les ambitions iraniennes en matière de nucléaire seront débattues entre les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité des Nations Unies, ainsi que l'Allemagne, voici que Téhéran jette de l'huile sur le feu en annonçant avoir produit pour la première fois un lot de concentré d'uranium, appelé aussi "yellow cake". il s'agit d'une étape clé dans le programme nucléaire iranien. Ce produit sert en effet de base à la production d'uranium enrichi.

Près d'Ispahan, l'Iran dispose d'une usine de conversion de "yellow cake". Auparavant, il était importé. Dans les années 1970, c'est de l'Afrique du Sud que 600 tonnes de "yellow cake" auraient été importées, et utilisées progressivement par l'Iran. Au point que, selon les experts, le programme nucléaire iranien aurait été menacé, faute de yellow cake. Ayant utilisé la majeure partie de son stock, l'Iran ne peut en effet plus en importer - pour cause de sanctions de l'ONU depuis 2006.

 Après quatre rounds de sanctions onusiennes, l'Iran arrive à la table des négociations en clamant vouloir discuter uniquement dans le cadre d'une négociation plus large, sur un désarmement nucléaire mondial. Téhéran insiste de toute façon sur le fait que le pays veut enrichir de l'uranium uniquement dans le but de produire du "carburant" pour des réacteurs nucléaires, sous-entendu à des fins civiles, alors que le même ingrédient peut également servir à alimenter des ogives nucléaires à des fins militaires.

Les craintes internationales sont grandes, du fait que Téhéran a développé son programme d'enrichissement clandestinement, et refuse de coopérer avec les inspecteurs de l'ONU. A ce sujet, l'un de ministres du gouvernement en place à Téhéran vient d'accuser l'Agence internationale pour l'Energie Atomique (AIEA) d'avoir inclus des "espions" dans l'équipe d'inspecteurs chargée de vérifier l'état du programme nucléaire de l'Iran.

L'annonce faite ce dimance par Téhéran n'a apparemment pas surpris les Américains. Dans un communiqué, le porte-parole du Conseil national de sécurité de la Maison Blanche, Mike Hammer, a tenu à souligner que l'Iran essayait "depuis des années de développer son propre programme, étant donné que l'importation de concentré d'uranium (yellowcake) lui est interdite par les résolutions du conseil de sécurité de l'ONU". Avant d'ajouter que cette annonce soulève néanmoins "de nouvelles préoccupations au moment où l'Iran devrait répondre aux inquiétudes de la communauté internationale".