Téhéran cherche à rassurer ses voisins arabes

Alors que WikiLeaks a révélé au monde entier la crainte que suscite l'Iran auprès des monarchies du Golfe, Téhéran cherche à calmer le jeu. Le ministre iranien des affaires étrangères s'y est attelé ce samedi lors d'une réunion à Bahreïn.
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Les dernières révélations de WikiLeaks ayant pointé du doigt que les monarchies du Golfe redoutaient de voir un jour leur voisin iranien se doter de l'arme nucléaire, Téhéran s'est employé ce samedi à dissiper leurs craintes.
Effectuant dans la région sa première visite depuis que le site internet a divulgué des télégrammes diplomatiques américains jusqu'alors restés confidentiels, le chef de la diplomatie iranienne, Manouchehr Mottaki, a déclaré que les pays arabes de la région n'avaient rien à craindre d'un Iran plus puissant. "Notre puissance dans la région est votre puissance et votre puissance est la nôtre", a-t-il affirmé lors d'une conférence sur la sécurité qui réunissait à Bahreïn des ministres et autres dignitaires arabes de la région du Golfe.

"Notre croissance ne fera qu'aider la croissance des autres", a-t-il ajouté sans faire allusion aux indiscrétions de WikiLeaks, qui distille depuis la semaine dernière via de grands journaux mondiaux des centaines de câbles envoyés ces dernières années au département d'Etat par les diplomates en poste dans le monde.

Selon un des documents les plus explosifs diffusés par ce site spécialisé et controversé, le roi Abdallah d'Arabie aurait engagé les Etats-Unis à détruire les installations nucléaires de l'Iran en faisant valoir qu'il fallait "trancher la tête du serpent" pendant qu'il était encore temps.

Les dépêches diplomatiques divulguées par WikiLeaks traduisent d'une manière générale la profonde préoccupation parmi les dirigeants arabes sunnites devant les ambitions nucléaires militaires prêtées à l'Iran, mais que la République islamique dément.

Téhéran parle de "rivalités malsaines"

"Nous ne devons pas permettre aux médias occidentaux de nous dire ce que nous pensons les uns les autres (...) Nous n'avons jamais utilisé notre potentiel pour devenir puissants au détriment d'un de nos voisins, et notamment parce que nos voisins sont musulmans", a insisté Mottaki avant d'ajouter : "Il ne doit pas y avoir de suspicion ou d'ambition d'un pays par rapport à un autre parce que cela minerait les efforts pour établir une coopération" (régionale), a encore poursuivi le chef de la diplomatie de Téhéran devant le "Dialogue de Manama" organisé par l'Institut international pour les études stratégiques de Londres (IISS).

Selon le ministre iranien des affaires étrangères, les voisins de l'Iran doivent résister aux pressions de puissances étrangères qui cherchent à alimenter des "rivalités malsaines" pour affaiblir les efforts de la région en vue de s'émanciper et de se suffire à elle-même, y compris sur le plan de l'énergie nucléaire. Les pays occidentaux sont les plus préoccupées par le programme nucléaire iranien et la question devrait être évoquée lundi et mardi à Genève lors de la prochaine rencontre entre l'Iran et la haute représentante de la diplomatie européenne, Catherine Ashton.

Celle-ci représentera les six interlocuteurs habituels de l'Iran sur ce dossier, à savoir les cinq membres permanents du Conseil de sécurité - Grande-Bretagne, Chine, Russie, France, Etats-unis - plus l'Allemagne.
Comme à son habitude l'Iran, qui fait déjà l'objet à leur instigation de quatre trains de sanctions de la part du Conseil de sécurité de l'Onu, a déclaré hors de question de négocier son "droit" à maîtriser tout le cycle de la technologie nucléaire à des fins civiles. "Nous considérons les négociations comme un moyen d'approfondir l'interaction et la coopération. Comme lors de précédentes discussions, nous ne permettrons pas que les droits de l'Iran soient affectés", a prévenu samedi à Téhéran le négociateur iranien Saïd Jalili, l'interlocuteur d'Ashton.

Selon Jalili les sanctions imposées cette année après la dernière réunion avec les Six, en octobre 2009, pour tenter de convaincre Téhéran de renoncer à ses activités nucléaires sensibles n'ont servi à rien.
De son côté, Mottaki s'est efforcé de "caresser dans le sens du poil" les pays du Golfe en assurant que Téhéran se réjouissait de l'avancement de leur coopération économique et de leur développement politique : "Nous sommes heureux quand nous voyons des femmes faire leur entrée dans les Parlements du Koweït et de Bahreïn, quand l'industrie pétrochimique saoudienne devient très avancée dans le monde et quand Bahreïn devient un centre bancaire. Nous sommes heureux de voir que les balances extérieures des pays arabes atteignent trois mille milliards de dollars, que l'Irak commence à se stabiliser et que son industrie pétrolière prospère." a-t-il conclu.

Commentaires 3
à écrit le 08/12/2010 à 6:14
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Si le Coran prône le mensonge et l'hypocrisie comme vertus cardinales, alors M.Mottaki est assuré du paradis d'Allah. "Nous sommes heureux quand nous voyons des femmes faire leur entrée dans les Parlements du Koweït et de Bahreïn" Fallait avoir le c...

à écrit le 04/12/2010 à 21:35
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Que croire ? Qui croire dans ce jeu de poker menteur ? Ce pays a dit tellement de choses et leurs contraire. Il est certain que s'ils mettent au point l'arme nucléaire alors l'Arabie Saoudite l'aura, l'Egypte l'aura, la Lyibie l'aura, la Turquie l'au...

le 06/12/2010 à 11:05
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Tout à fait d'accord....il faut absolument détruire toutes les infrastructures susceptibles de pouvoir fabriquer l'arme nucléaire dans ces pays gouvernés par des irresponsables....L'iran n'a t'il pas laissé entendre que sa cible principale était la d...

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