Nicolas Sarkozy évoque un nouveau modèle monétaire

Par latribune.fr, avec Reuters  |   |  633  mots
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Le président Sarkozy a proposé ce lundi de réfléchir au rôle des droits de tirage spéciaux (DTS) du Fonds monétaire international (FMI) et à l'internationalisation de monnaies autres que le dollar et l'euro pour remédier à l'instabilité des changes dans le monde.

Dans un discours prononcé pour le 50ème anniversaire de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), ce lundi, le chef de l'Etat a rappelé que la réforme du système monétaire mondial était une priorité de la présidence française du G20.

"Il nous faut engager une réflexion sur la pertinence d'un modèle basé sur l'accumulation de réserves en dollars", a-t-il insisté. "Ce système ne rend-il pas une partie du monde dépendant de la politique monétaire américaine ? Ne faut-il pas réfléchir au rôle du DTS et à l'internationalisation d'autres monnaies ?"

Un clin d'oeil à la Chine, dont la monnaie n'est pas convertible mais qui teste une internationalisation limitée du yuan dans ses échanges avec certains pays et plaide, elle aussi, pour une utilisation des DTS comme monnaie de réserve.

Nicolas Sarkozy a précisé qu'il ferait des propositions, tout en assurant qu'il ne voulait en aucune manière porter atteinte au dollar, lequel, a-t-il souligné, doit rester une monnaie forte et conserver un rôle "éminent".

"Mais éminent ne veut pas dire exclusif", a ajouté Nicolas Sarkozy. "Notre organisation monétaire ne peut durablement continuer à refléter le monde d'hier dans lequel ni l'Inde, ni la Chine ni le Brésil n'étaient devenus les puissances économiques qu'ils sont aujourd'hui."

La France assume depuis novembre et pour un an la présidence du G20, qui réunit les Etats les plus riches du monde et les principaux grands pays émergents.

Outre le lancement d'une réforme du SMI, Nicolas Sarkozy a fait de la lutte contre la volatilité des prix des matières premières, de l'amélioration de la gouvernance économique mondiale et de la recherche de financements pour le développement les grandes priorités de cette présidence.

Décourager la spéculation

Des priorités auxquelles le secrétaire général de l'OCDE, Angel Gurria, a apporté le soutien de son organisation. "Nous sommes entièrement d'accord sur le fait que nous devons viser haut et ne pas limiter nos ambitions", a-t-il précisé. "Le G20 est l'illustration parfaite de la nécessité d'associer étroitement les principales économies émergentes pour définir et concrétiser un agenda ambitieux et ainsi avoir un impact vraiment global."

Nicolas Sarkozy a souligné que les pays de l'OCDE, au nombre de 34 aujourd'hui mais qui ne comptent dans leur rang aucun des grands émergents comme la Chine ou l'Inde, ne représenteraient plus en 2015 que 50% du PIB mondial, contre 65% en 1975.

Il a estimé que le G20 ne s'était pas encore vraiment attaqué aux questions structurelles qui menacent selon lui la stabilité économique du monde.

La France veut utiliser toute l'année de sa présidence pour apporter des solutions à ces questions, a-t-il ajouté.

Il a ainsi souhaité que les dirigeants du G20 travaillent à la mise en place de "filets de sécurité financiers" et engagent une réflexion sur les mouvements de capitaux.

"L'expérience nous a montré qu'une libéralisation non maîtrisée peut exposer nos pays à des crises financières systémiques", a-t-il souligné. "Il nous faut des règles du jeu internationales et des institutions pour les faire respecter."

En matière de régulation des prix des matières premières, il a assuré qu'il ne s'agissait pas de revenir sur les mécanismes du marché mais de fixer, là aussi, un cadre et des règles qui "découragent la spéculation et offrent de la visibilité sur les évolutions de l'offre et de la demande".

Il a également estimé que la "moralisation" du capitalisme était une "attente incontournable" de l'opinion mondiale : "nous ne pourrons plus accepter les excès qui nous ont conduits à la crise", a souligné Nicolas Sarkozy.