Côte d'Ivoire : l'avion de Gbagbo immobilisé à Bâle-Mulhouse

Par Hélène Fontanaud  |   |  414  mots
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L'avion de Laurent Gbagbo a été bloqué dimanche sur l'aéroport de Bâle-Mulhouse à la demande des "autorités légitimes" de Côte d'Ivoire, à savoir le camp d'Alassane Ouatarra. Les Etats d'Afrique de l'Ouest envoient lundi une délégation à Abidjan et menacent le président sortant d'une intervention militaire en cas d'échec de la médiation. Alassane Ouattara appelle les Ivoiriens à la grève générale.

La crise s'intensifie en Côte d'Ivoire. Dernier signal du durcissement de la communauté internationale vis-à-vis du président sortant : l'avion de Laurent Gbagbo a été bloqué sur les pistes de l'aéroport franco-suisse de Bâle-Mulhouse. "Les autorités légitimes de Côte d'Ivoire nous ont demandé l'immobilisation de l'appareil, c'est précisément ce que nous avons fait en réponse à cette requête", a précisé le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Bernard Valero.

Laurent Gbagbo, qui refuse d'admettre la victoire de son adversaire Alassane Ouattara lors de la présidentielle du 28 novembre, en dépit de la reconnaissance du nouveau président par la communauté internationale, est désormais sous la menace d'un recours à "la force légitime" des Etats d'Afrique de l'Ouest. Les dirigeants de ces pays lui ont demandé de démissionner.

La Cedeao (communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest) va "tenter une sortie de crise par le dialogue" en envoyant lundi à Abidjan les présidents Boni Yayi (Bénin), Ernest Koroma (Sierra Leone) et Pedro Pires (Cap Vert). Mais les trois chefs d'Etat n'ont aucune assurance d'être reçus au palais présidentiel toujours occupé par Laurent Gbagbo et ses partisans. Le porte-parole du président sortant, Ahoua Don Mello, a déclaré "inacceptable" la décision de la Cedeao, parlant d'un "complot du bloc occidental dirigé par la France".

Alassane Ouattara a, de son côté, lancé un appel à la grève générale à compter de lundi, ajoutant aux pressions exercées sur le président sortant Laurent Gbagbo pour qu'il cède le pouvoir, a annoncé son porte-parole.

Les partisans de Laurent Gbagbo agitent le spectre d'une guerre civile pour tenter d'écarter le risque d'une intervention de la force militaire de la Cedeao (Ecomog).  Depuis le second tour de la présidentielle, près de 14.000 Ivoiriens ont fui au Liberia, selon le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Et la semaine dernière des affrontements entre partisans d'Alassane Ouattara et forces de l'ordre ont fait au moins 20 morts à Abidjan.

La communauté internationale a déjà eu recours à l'arme économique pour tenter de faire plier Laurent Gbagbo. La Banque mondiale a gelé 800 millions de dollars destinés à la Côte d'Ivoire. Et la Banque centrale de l'Afrique de l'Ouest a emboîté le pas à cette décision en annonçant jeudi qu'elle ne reconnaissait plus l'autorité du président sortant.