Sarkozy fait son mea culpa sur la Tunisie

Par latribune.fr  |   |  595  mots
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Lors de sa conférence de presse, le chef de l'Etat n'a pas seulement abordé la présidence française du G20 et du G8, il a également reconnu que la France n'avait pas "pris la juste mesure" de la désespérance du peuple tunisien.

 

La France n'a pas pris la juste mesure de la révolte des Tunisiens qui a conduit au départ du président Zine Ben Ali et offre son aide au nouveau gouvernement, a déclaré lundi Nicolas Sarkozy à l'occasion de sa première conférence de presse de l'année. "Quand on est si proches, quand les destinées individuelles et collectives sont tellement imbriquées, on n'a pas toujours le recul nécessaire pour comprendre les sentiments de l'autre, bien mesurer ses frustrations, et sans doute ses angoisses", a reconnu le président français lors de cette conférénce axée sur la politique internationale de la France.

 

Le Président a ajouté, toujours sur ce sujet, que "derrière l'émancipation des femmes, l'effort d'éducation et de formation, le dynamisme économique, l'émergence d'une classe moyenne, il y avait une désespérance, une souffrance, un sentiment d'étouffer dont, il nous faut le reconnaître, nous n'avions pas pris la juste mesure". Il est également revenu sur les porpos tenus à l'Assemblée Nationale par sa ministre des Affaires Etrangères Michèle Alliot-Marie : "Elle n'avait pas la volonté en quoi que ce soit d'assurer quelque sentiment défavorable aux manifestants mais simplement d'éviter qu'il y ait plus de drames". Mais Nicolas Sarkozy le reconnaît : "La forme a pu porter à polémique".

Nicolas Sarkozy a annoncé que la France allait proposer aux nouvelles autorités tunisiennes des mesures pour leur venir en aide au plus vite et appuie l'octroi d'un "statut avancé" de la Tunisie dans ses relations avec l'Union européenne. "Une ère nouvelle s'ouvre pour les relations entre la Tunisie et la France", a-t-il dit.

 

Paris veut aider Tunis à récupérer les biens pillés

La France recherchera en outre systématiquement les "richesses pillées" par le régime Ben Ali pour les restituer aux Tunisiens, a promis le chef de l'Etat. Le rôle de la France dans la séquence qui a conduit la rue a chasser Zine ben Ali du pouvoir a donné lieu à une polémique, illustrée notamment par les propos de la ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, proposant aux autorités tunisiennes l'aide de la France pour le maintien de l'ordre. "La forme a pu porter à polémique (...) les intentions étaient tout à fait transparentes", a dit Nicolas Sarkozy .
"Sans doute avons-nous sous-estimé, nous la France, cette aspiration des nos amis tunisiens à la liberté." Mais la France ne pouvait pas aller plus loin, a jugé le Président.

"La puissance coloniale (...) est toujours illégitime à prononcer un jugement sur les affaires intérieures d'une ancienne colonie", a expliqué Nicolas Sarkozy . "Je revendique cette réserve".
"Je ne veux pas que la France soit assimilée à un pays qui a gardé des réflexes coloniaux", a-t-il ajouté. Signe de cette volonté de ne pas intervenir dans la politique intérieure de ses anciennes colonies, Nicolas Sarkozy a refusé de répondre à une question d'une journaliste qui lui demandait si la France accepterait d'accueillir le président algérien Adbelaziz Bouteflika s'il était chassé du pouvoir.

Le chef de l'Etat a toutefois reconnu que le risque islamiste, souvent mis en avant pour justifier le soutien des présidents français, de droite comme de gauche, aux pouvoir en place au Maghreb, ne permettait pas d'excuser certains "comportements" : "Le risque de l'intégrisme islamiste existe, mais il ne peut pas justifier des comportements de corruption, de refus d'une ouverture démocratique" a conclu sur ce sujet, Nicolas Sarkozy .