Nicolas Sarkozy défend l'euro à Davos

Par latribune.fr  |   |  656  mots
Copyright Reuters
Nicolas Sarkozy a averti les spéculateurs, ce jeudi à Davos, qu'ils se brûleraient les doigts en jouant contre l'euro et s'est efforcé de convaincre les décideurs économiques mondiaux de l'urgence de s'attaquer aux désordres des changes et des marchés des matières premières.

Le chef de l'Etat, qui intervenait pour la deuxième année consécutive au Forum économique mondial de Davos, n'a pas hésité à dramatiser les enjeux de la présidence française du G20, estimant que l'inaction risquait de déstabiliser le monde. Alors que les dirigeants européens sont toujours en quête d'une martingale pour faire cesser les attaques contre l'euro, il a assuré que "jamais" l'Allemagne et la France ne renonceraient à la monnaie unique européenne.
"Je sais qu'il y a des gens qui doutent de la pérennité de l'euro", a déclaré le président français. Mais "aussi bien (la chancelière allemande Angela) Merkel que moi-même, jamais nous ne laisserons tomber l'euro."

"Donc, à ceux qui voudraient parier contre l'euro, faites attention à votre argent (...) parce que nous sommes bien décidés à défendre l'euro de façon structurelle", a-t-il ajouté. "Les conséquences d'une disparition de l'euro pour nous seraient si cataclysmiques que nous ne pouvons même pas l'imaginer."

A quatre jours d'une intervention au sommet de l'Union africaine à Addis-Abeba, il a évoqué sur un ton tout aussi dramatique les conséquences qu'aurait un renoncement des pays les plus riches à leur promesse de consacrer 100 milliards de dollars par an au développement des plus pauvres. "Si nous n'avons pas la sagesse d'anticiper, alors vous verrez que les plus raisonnables à la tête de ces pays pauvres seront balayés et, à ce moment-là, ce sera une autre aventure pour gérer le monde", a déclaré Nicolas Sarkozy. "Ce déséquilibre extrême ne mettra en cause pas seulement la croissance, il mettra en cause l'avenir de vos sociétés", a-t-il poursuivi.

Trois risques majeurs

La France a fait de la recherche de nouveaux financements pour contourner les contraintes budgétaires des pays riches l'une des priorités de sa présidence du G20. Nicolas Sarkozy a de nouveau défendu l'idée d'une taxe sur les transactions financières mais a admis que c'était le sujet sur lequel le degré de consensus était le plus faible au sein du G20 et s'est dit prêt à discuter d'autres solutions.

Il a annoncé qu'il proposerait la formation d'un "petit groupe de pays leaders" pour mettre en place des financements innovants qui serait par la suite élargi.
Aux acteurs économiques tentés d'estimer que le gros de la crise économique et financière est passé et de reprendre leurs anciennes habitudes, il a dit que l'économie mondiale restait menacée par trois risques majeurs, correspondant à autant de priorités de la présidence française du G20.

Le premier est la question des dettes souveraines. "Il faut réduire les déficits et faire des réformes. Le monde ne peut pas continuer à aligner une addition de dettes abyssales sans se préoccuper des déséquilibres que cela engendre", a-t-il déclaré.

Les déséquilibres monétaires et financiers constituent le deuxième risque, a poursuivi le président français, qui a de nouveau plaidé pour un renforcement du rôle de régulateur et de gestionnaire de crise du Fonds monétaire international.

Il a aussi mis en garde contre "les risques pour l'inflation et la croissance de l'explosion des prix des matières premières" et de leur "volatilité extrême", contre lesquelles la France prône plus de transparence et de régulation des marchés.

Nicolas Sarkozy a invité son auditoire à s'abstenir de "toute réaction idéologique" et souligné qu'il ne voulait pas lui-même passer pour un "obsédé" d'une régulation qui a longtemps fait figure d'épouvantail dans le monde financier. "Etant français, je suis un peu suspect", a-t-il dit. "Moi je ne vous fais pas de procès d'intention, qu'on ne nous en fasse pas non plus. On sera sage, on sera raisonnable, mais ne vous trompez pas, on sera déterminé !"