Berlin sacrifie Axel Weber pour pousser son "pacte de compétitivité"

Par Frank Paul Weber, à Berlin.  |   |  390  mots
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L'Allemagne préfère imposer un renforcement des règles anti-déficit à ses partenaires de la zone euro plutôt que s'arc-bouter pour placer le président de la Bundesbank à la tête de la Banque centrale européenne.

"Il n'est pas si important d'être diplomate dans une banque centrale". Le président de la Bundesbank, Axel Weber, a ainsi averti il y a quelques mois qu'il n'entendait pas se plier à des marchandages pour devenir le président de la Banque centrale européenne (BCE). En indiquant officieusement mardi soir qu'il ne souhaite pas prolonger son actuel mandat à la banque centrale allemande au delà de son terme en avril 2012, cet universitaire semble également ne plus vouloir être le candidat de la chancelière Merkel pour succéder le 1er novembre prochain à Jean-Claude Trichet à la tête de la BCE.

Axel Weber tire peut être ainsi la conséquence d'un accord entre Paris et Berlin. Nicolas Sarkozy s'est en effet joint à Angela Merkel pour demander "un pacte de compétitivité" aux pays de la zone euro, notamment d'inscrire dans leur constitution une limitation de l'endettement public (sur le modèle en vigueur en Allemagne), une modification qui ne va pas plus de soi en France que dans la plupart des Etats-membres de l'euro.

Mandat prolongé pour Trichet ?

En échange le président français pourrait avoir exigé qu'Axel Weber ne prenne pas les rênes de la BCE. Nicolas Sarkozy goûte peu la ligne très orthodoxe de l'actuel président de la Bundesbank, qui avait publiquement critiqué l'achat par la BCE d'obligations d'Etat de la zone euro en difficulté (Portugal, Espagne, Irlande...). Ainsi lors de la visite fin novembre dernier de Weber à Paris, ni le président, ni un de ses conseillers n'avait pris la peine de le rencontrer. Du côté allemand, on semble se contenter d'imposer aux seize autres pays de la zone euro la camisole de force du "Pacte de compétitivité" anti-dette et déficit publics. "Il n'y a pas lieu de s'occuper maintenant de la direction de la BCE : nous voulons d'abord renforcer la stabilité de l'euro d'ici fin mars, ensuite seulement la question des personnes se posera" indique à La Tribune un haut responsable à Berlin.

Et pour permettre aux Allemands de trouver un nouveau candidat à la tête de la BCE, Jean-Claude Trichet pourrait prolonger son mandat à la présidence au-delà du 31 octobre. Son prédécesseur, Wim Duisenberg, l'avait déjà fait en 2003 pour lui garder le poste de numéro un de la BCE malgré l'affaire du Crédit Lyonnais.