Les débuts laborieux de la France au G20

Par latribune.fr  |   |  634  mots
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La ministre des Finances a finalement réussi à obtenir un accord au G20 sur les indicateurs permettant de mesurer les déséquilibres économiques mondiaux. Et ce, en dépit du blocage des Chinois. Un premier succès pour la présidence française du G20, qui risque vite de se heurter à de nouvelles résistances.

Les ministres des Finances du G20 sont parvenus samedi à Paris à un accord sur des critères macroéconomiques pour évaluer leurs politiques économiques. Selon le communiqué final de ce "G20 finances", ces indicateurs comprennent la dette et les déficits publics, l'épargne et l'endettement privés, la balance commerciale et le solde des investissements et des transferts, dont l'addition compose la balance des paiements courants. Seront également pris en considération les taux de change et les politiques fiscales et monétaires, lit-on dans le communiqué.Cet accord est la première étape d'un processus en deux temps : l'objectif est désormais que les pays du G20 s'accordent sur des "lignes directrices indicatives", qui ne seront pas des "cibles", pour chacun de ces critères.Ils se sont donné jusqu'à la prochaine réunion des ministres des Finances en avril pour y parvenir.
la Chine a bloqué
Les pays du G20 sont convenus de tenir compte des situations régionales et nationales particulières, dont celles des grands pays producteurs de matières premières."Les négociations ont été franches, parfois tendues, toujours très respectueuses", a déclaré la ministre française des Finances, Christine Lagarde, lors d'une conférence de presse."Ça n'a pas été simple, il y avait évidemment des intérêts divergents. Mais nous avons réussi à faire converger les positions vers un texte qui nous paraît à la fois équilibré et exigeant dans sa mise en oeuvre."
La Chine a longtemps bloqué un accord sur le texte final, qui a donné lieu à d'âpres discussion entre les collaborateurs des ministres et des banquiers centraux du G20 dans la nuit de vendredi à samedi, avant que les chefs des délégations parviennent à un compromis samedi en début d'après-midi. A l'insistance de Pékin, le communiqué ne mentionne d'ailleurs pas les réserves de change, un des points d'achoppement des discussions.
Fort de ce compromis obtenu à Paris, la présidence française du G20 peut dés à présent préparer ses prochains rendez-vous. Mais le plus dur reste à faire pour la présidence française du G20, qui devra surmonter les "lignes rouges" des intérêts nationaux, auxquelles les ambitions de Paris se sont heurtées d'entrée de jeu ce week-end, malgré les exhortations du président Nicolas Sarkozy à continuer à avancer ensemble, même s'il n'y a plus l'urgence de la crise de 2008-2009.
sommet de Cannes
"Il est plus difficile de parvenir à des accords qu'avant, quand il y avait des vraies craintes", a souligné le directeur général du Fonds monétaire international, Dominique Stauss-Kahn.
Une fois encore, et malgré le ton conciliant adopté depuis un an par Nicolas Sarkozy envers Pékin, la Chine s'est avérée le partenaire le plus difficile et reste une des principales clefs du succès ou de l'échec de la présidence française. Cela n'augure pas très bien des discussions quand les dirigeants du G20 en viendront au coeur de l'agenda fixé par Nicolas Sarkozy : la réforme du système monétaire international. Aux lignes rouges de Pékin risquent alors de s'ajouter celles des Etats-Unis, décidés à défendre la prééminence du dollar.  Une question déjà posée par certains partenaires de la France risque inévitablement de revenir dans les semaines et les mois qui viennent : le président français n'a-t-il pas pêché par excès d'ambition en proposant au G20 de s'attaquer sous sa présidence à des chantiers trop vastes et conflictuels ? Il reste un peu plus de huit mois à la France et à ses partenaires du G20, jusqu'au sommet de Cannes début novembre, pour lui donner raison - et contribuer ainsi indirectement à sa campagne pour l'élection présidentielle de 2012.