La Libye sombre dans le chaos, les étrangers fuient

Par Céline Jeancourt-Galignani  |   |  696  mots
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Heure après heure, la situation n'a fait qu'empirer en Libye d'où les étrangers sont rapatriés dans leur pays d'origine.

18 heures : après le Portugal, l'Autriche, les Pays-Bas, la Russie, la Bulgarie, l'Ukraine et la France, c'est au tour du Royaume Uni d'affréter des vols pour rapatrier ses ressortissants. La Grèce mobilise des bateaux pour récupérer ses expatriés. Elle devrait aussi évacuer des Chinois vers la Crête à la demande de Pékin et des Egyptiens vers Alexandrie à la demande du Caire.

Le dirigeant libyen s'exprime à la télévision pour affirmer qu'il restera dans son pays en tant que "chef de la révolution". Il affirme qu'il se "battra jusqu'à la dernière goutte de (son) sang". Le colonel, au pouvoir depuis 42 ans, demande également à l'armée et à la police de reprendre la situation en main. Si les manifestations ne cessent pas, il menace les manifestants armés de "la peine de mort", ainsi que de "purger la Libye maison par maison."

17 heures : près de 4.000 Tunisiens ont fui la Libye vers la Tunisie voisine depuis dimanche, tandis qu'à Tunis des centaines de manifestants réclamaient le départ du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi. Les émigrés craignent les violences meurtrières du pays mais également de faire les frais de la révolution tunisienne, qui a inspiré les révoltes de plusieurs pays arabes.

La Maison Blanche présente ses condoléances aux Libyens pour les violences "affligeantes" perpétrées dans le pays.

Le Conseil national de l'ordre des médecins tunisiens (CNOM) demande à la communauté internationale l'ouverture d'un corridor humanitaire pour évacuer les blessés libyens. Il dénonce "la répression sanglante" exercée contre la population libyenne. Le bilan du nombre de morts ne cesse de s'alourdir et se situerai entre 300 et 400 selon les ONG.

16 heures : la presse américaine appelle au renversement du colonel Kadhafi. "Les Etats-Unis et l'Europe doivent faire beaucoup plus pour aider le peuple libyen à mettre un terme à la dictature de Kadhafi", affirme le Wall Street Journal, qui préconise de bombarder les bases aériennes libyenne si l'armée de l'air continue à réprimer les manifestations. "On ne doit pas non plus exclure d'armer les manifestants", ajoute le journal, pour qui "le pire serait d'encourager les contestataires sans leur donner les moyens de l'emporter". Le quotidien rappelle les differents attentats anti-américains attribués au régime libyen depuis les années 1980, et souligne que le colonel Kadhafi "a plus de sang américain sur les mains que quiconque, à part Oussama ben Laden".

Le Washington Post estime de son côté que la répression en cours en Libye "exige non seulement une condamnation mais aussi des actes de la part du reste du monde". Le quotidien affirme que les Etats-Unis doivent "appeler publiquement à un changement de régime" à Tripoli. "Qu'ils parviennent ou non à se maintenir au pouvoir, les Kadhafi (père et fils) doivent être traduits en justice pour l'effusion de sang qu'ils ont provoquée", demande le journal.

L'organisation de défense des droits de l'homme, Human Rights Watch, a indiqué que la répression en Libye a fait au moins 62 morts à Tripoli depuis dimanche. Le nombre total de morts est maintenant proche de 300 depuis le début des manifestations le 15 février.

La France envoye trois avions militaires en Libye afin de rapatrier ses ressortissants. Un des avions a été affrété pour Sebha, dans le sud du pays, afin de récupérer les 130 touristes français présents dans le désert libyen.

15 heures : l'Union européenne réfléchit à de possibles sanctions contre le régime libyen, après les sanglantes répressions des manifestations. Le choix des mesures a été abordé aujourd'hui à Bruxelles, lors d'une réunion des ambassadeurs des vingt-sept pays de l'Union, après avoir été traité par les ministres européens des Affaires étrangères la veille.

Mais les pays peinent à se mettent d'accord, ont affirmé à l'AFP des diplomates. L'Italie et Malte ralentissent en effet les discussions et la prise de décisions communes par leur désaccord sur la mise en place de sanctions. Les deux pays craignent en effet un déferlement d'immigrés clandestins vers leurs côtes, si le régime du colonel Kadhafi venait à tomber.