Kadhafi promet la défaite aux Occidentaux

Par latribune.fr  |   |  584  mots
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Le colonel Kadhafi, dont les forces résistent aux insurgés malgré quatre jours de raids aériens, est apparu mardi soir en public en promettant la défaite aux forces internationales "fascistes" engagées en Libye.

"Cet assaut est mené par une bande de fascistes qui finiront dans les poubelles de l'histoire", a martelé mardi soir le colonel Kadhafi devant ses partisans, dans une intervention restransmise à la télévision. Le "guide" libyen est apparu en public pour la première fois depuis le 15 mars, dans sa résidence-caserne de Tripoli où ses partisans se pressent depuis plusieurs jours pour servir de boucliers humains en cas d'éventuelles attaques.


"Nous ne nous rendrons pas. Nous finirons par vaincre", a-t-il insisté.

Sur le terrain, la puissance de feu des armées occidentales a cloué au sol les avions libyens et stoppé l'avancée des troupes kadhafistes vers Benghazi, fief du soulèvement de la mi-février, mais les insurgés ne parviennent pas à regagner du terrain.

Les rebelles sont revenus aux portes d'Ajdabiah, carrefour stratégique à 160 km à l'ouest de Benghazi dont ils avaient été chassés la semaine dernière, sans pouvoir déloger les forces kadhafistes, qui continuent par ailleurs à pilonner Misrata, troisième ville du pays à 200 km à l'est de Tripoli.

Sur le plan diplomatique, la coalition est engagée dans un vif débat sur le bien-fondé de transférer le commandement des opérations à l'Otan et les critiques des frappes aériennes se poursuivent, en particulier dans les pays émergents.

Au moins deux explosions ont secoué Tripoli mercredi avant l'aube, mais aucun tir de batterie antiaérienne n'a retenti dans la capitale, rapportent les journalistes de Reuters sur place.

Depuis samedi, les forces occidentales ont effectué plus de 300 sorties aériennes et plus de 160 missiles Tomahawk ont été tirés sur la Libye pour imposer une zone d'exclusion aérienne, dans le cadre de la résolution 1973 du Conseil de sécurité autorisant le recours à la force pour protéger les civils.

Mais, a reconnu le président américain Barack Obama dans une interviews à CNN, Mouammar Kadhafi pourrait "se tapir" et attendre la fin de l'intervention militaire internationale.

Quel commandement militaire de la coalition ? 

Alors que des experts s'inquiètent d'un risque d'enlisement du conflit, que le débat enfle aux Etats-Unis sur la durée et le coût de cette mission mandatée par l'Onu mais menée essentiellement par les Occidentaux, Barack Obama souhaite céder dans les jours à venir le commandement militaire de l'opération, actuellement assuré par l'armée américaine.

La France, un des principaux pays engagés dans l'opération avec les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, exclut de déléguer ce commandement à l'Otan de crainte de s'aliéner le soutien des pays arabes. La Turquie y est également opposée.

Obama s'est entretenu mardi avec le président français Nicolas Sarkozy et le Premier ministre britannique David Cameron et un accord a été trouvé, a déclaré la Maison blanche. L'idée est de s'appuyer sur les structures de commandement de l'Alliance atlantique tout en plaçant l'opération sous la direction politique d'un "organe de pilotage" constitué de pays occidentaux et arabes. Paris a précisé que ce "pilotage politique" de l'opération ferait l'objet d'une réunion des pays de la coalition dans les jours qui viennent.

A Paris, malgré quelques bémols et mises en garde, une quasi-unanimité a prévalu au parlement dans le débat sur l'intervention militaire en Libye, où la France parle déjà d'organiser la paix.

Tripoli a ordonné la libération de trois journalistes, dont deux de l'Agence France-Presse, capturés par les forces libyennes dans l'est du pays.