L'Italie prépare un bouclier anti-OPA étrangères

Par latribune.fr  |   |  654  mots
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L'Italie travaille à un texte limitant la capacité des entreprises étrangères de monter au capital de sociétés italiennes dans des secteurs clés comme l'alimentaire, les télécommunications ou l'énergie. Cela vise, de fait, surtout les entreprises françaises.

Rachat de Bulgari par LVMH, tentative d'OPA de Lactalis sur Parmalat... Considérant que ses fleurons nationaux doivent rester italien, Rome a décidé de riposter. Le gouvernement italien veut à cet effet limiter les prises de participations de groupes étrangers dans le capital de sociétés italiennes jugées stratégiques.

Le cabinet de Silvio Berlusconi a d'abord pris mercredi un décret permettant de repousser à fin juin la tenue d'assemblées générales de sociétés italienens côtées, à l'instar justement de celle de Parmalat convoité par le Français Lactalis, ce qui permettrait aux industriels et financiers de la Péninsule de disposer de plus de temps pour organsier une contre-offre.

Les autres mesures devraient suivre rapidement et être présenétes au parlement italien.

"Le ministre de l'Economie et des Finances [Giulio Tremonti] a exposé au conseil des ministres d'autres hypothèses d'interventions législatives qui pourront d'ailleurs prendre la forme d'amendements à ce décret-loi et, le cas échéant, prévoir une consultation européenne" précise un communqiué de la Présidence du conseil italien. 

A l'étude figueraient des mesures de protection pour les secteurs de l'agroalimentaire, des télécommunications, de l'énergie et de la défense.

Ce dispositif anti-OPA,  déjà évoqué par le ministre de l'Economie Giulio Tremonti la semaine dernière, serait fondé sur un principe de réciprocité. Le système permettrait aux sociétés ciblées de recourir aux mêmes moyens de défense que ceux autorisés dans le pays de l'acquéreur, précise-t-on.

Les Italiens insistent en fait sur le fait que ces mesures s'inspirent du dispositif mis en place par la France en 2005-2006. A l'époque, le gouvernement français avait souhaité mettre à l'abri des OPA initiées par des groupes étrangers, dix secteurs industriels parmi lesquels les casinos, les activités de sécurité, la biotech ou la sécurité des systèmes informatiques, la cryptologie et, bien sûr, l'armement. Il s'agissait pour le gouvernement d'empêcher au cas par cas les vélléités de fusion-acquisition dans ce secteurs.

Mais, bien que Danone fut à l'époque la cible potentielle de PepsiCo, le secteur alimentaire ne fut pas intégré à cette liste. Pas plus que l'énergie alors qu'un groupe brésilien avait, à cette époque, des visées sur Eramet. Or le dispositif italien comprend justement l'alimentaire et l'énergie. Et pour cause ! Deux groupes français tentent depuis quelques semaines de prendre le contrôle ou de conforter leurs positions dans des fleurons de la péninsule opérant, l'un dans l'alimentaire, Parmalat, l'autre dans l'énergie, Edison.

En 2005, l'initiative française, lancée par le Premier Ministre Dominique de Villepin, visait justement à se défendre des vélléités de rachat du groupe français Suez, convoîté par Enel, l'équivalet italien d'EDF...

La liste des secteurs envisagés par l'éxécutif de Silvio Berlusconi est d'ailleurs clairement inspirée des cas les plus médiatiques de tentatives de rachat de firmes italiennes ces dernières années.

Hormis l'agroalimentaire avec les visées du français Lactalis sur l'Italien Parmalat (le groupe français avait déjà avalé il y a quelques années son homologue italien Galbani, producteur, entre autres, de ricotta), les télécommunications est un domaine où le pouvoir politique a pesé de tot son poids pour éviter que l'ex-monopole Telecom Italia ne passe sous la férule de Rupert Murdoch ou même de l'Espagnol Telefonica.

Le décret étudié par Rome devrait en tout cas donner du grain à moudre à la Commission européenne.

Interrogé sur ce possible décret, le porte-parole du commissaire européen au marché intérieur Michel Barnier indiquait mercredi "vouloir être vigilant sur le respect de la législation européenne en matière de concurrence et de marché intérieur".