Le budget britannique tente de conjuguer croissance et austérité

Par Eric Albert, à Londres  |   |  686  mots
George Osborne et son équipe avant de présenter le budget
Le budget 2011-2012 présenté ce mercredi confirme l'austérité et le ralentissement de la croissance, mais baisse l'impôt sur les sociétés de deux points, à 26%. EDF est aussi un gagnant de ce budget.

Malgré le long programme d?austérité de quatre années dans lequel s?engage le Royaume-Uni, le budget 2011-2012 présenté ce mercredi veut se concentrer sur la croissance. D?un côté, le gouvernement coupe les dépenses et revoit à la baisse sa prévision de croissance pour 2011, de 2,1% à 1,7%. De l?autre, il baisse l?impôt sur les sociétés.

Dès le mois prochain, le taux d'impôt sur les sociétés passera de 28% à 26%, avant de baisser de 1% par an jusqu?à atteindre 23%. "(Notre taux) sera de 16% inférieur à celui des Etats-Unis, de 11% inférieur à la France, de 7% inférieur à l?Allemagne, et le plus bas du G7", se vante George Osborne. Ce n?est cependant qu?une demi-surprise - les conservateurs avaient promis de baisser à 24% le taux d?ici 2015 - mais le calendrier n?était pas connu et le taux final sera finalement plus bas que la promesse initiale.

"De la stabilisation à la réforme à la croissance". C?est ainsi que George Osborne (photo), chancelier de l?Echiquier, présente le cheminement de l?économie britannique (lire ici son discours à la chambre des communes). Selon lui, la stabilisation a été effectuée l?an dernier, avec l?annonce du plan de rigueur. Il souligne en particulier que le taux d?intérêt auquel emprunte le Royaume-Uni sur le marché obligataire est actuellement de 3,6%, alors même que le déficit demeure de 10% du PIB. "Nous avons un déficit plus élevé que la Grèce, l?Espagne et le Portugal, mais nous avons virtuellement le même taux d?intérêt que l?Allemagne."

La deuxième étape, la réforme, est ce à quoi George Osborne affirme s?atteler dans ce budget. Outre la baisse de l?impôt sur les sociétés, le budget a annoncé une augmentation des baisses fiscales pour les entrepreneurs. De plus, 21 "zones d?entreprises" vont être créées, à commencer par une dizaine dans les villes du nord de l?Angleterre, le plus pauvres du pays. Ces zones franches relaxent le processus d?autorisation de permis de construire, particulièrement lourd au Royaume-Uni. En échange, les municipalités ont elles sont installées pourront conserver l'intégralité de l'impôt sur les sociétés, plutôt que d'en reverser une partie à l'Etat.

Des aides sont aussi annoncées du côté de l?environnement. En particulier, le budget est une victoire pour EDF, avec l?annonce d?un prix plancher du CO2. En garantissant un prix minimum de 30 livres d?ici 2020 (le prix de la tonne de CO2 est actuellement de 12 livres), le gouvernement va rendre comparativement plus cher la construction de centrales conventionnelles (par exemple à gaz). Cela revient à soutenir ainsi l?énergie renouvelable, mais aussi nucléaire. Or, EDF envisage de construire quatre centrales EPR au Royaume-Uni. Alors que la centrale nucléaire de Fukushima n?est pas encore stabilisée, cette annonce - qui était certes en préparation - est significative.

Il y a enfin des aides pour réduire le prix du pétrole à la pompe. Les hausses prévues des taxes sur le pétrole sont supprimées, ce qui réduit de 5 pence le prix. Pour financer cela, les taxes sur les compagnies pétrolières en mer du Nord sont augmentées de 2,2 milliards d?euros.

Reste que ces annonces ne mettent pas fin à l?austérité. L?objectif est de réduire le déficit de 10% à 7,5% du PIB dès cette année. "A chaque fois que le chancelier s?exprime à la chambre des communes, la croissance est révisée à la baisse, attaque Ed Miliband, leader de l?opposition travailliste. Les conservateurs échouent en ce qui concerne la croissance." Selon lui, toutes ces mesures de relance ne pèsent pas lourd par rapport aux coupes budgétaires qui entrent en vigueur le mois prochain, avec le début de l?année fiscale. En ajoutant à cela l'impact de la hausse du pétrole, le tremblement de terre japonais, et l'inflation (actuellement de 4,4%), cela annonce une année 2011-2012 difficile pour le Royaume-Uni.