Côte d'Ivoire : Gbagbo cesse le feu et négocie son départ

Par latribune.fr  |   |  651  mots
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Compte à rebours pour le régime de Laurent Gbagbo en Côte d'Ivoire. De plus en plus prises à la gorge, les forces du président sortant ont annoncé avoir stoppé les combats. Alain Juppé a confirmé que Gbagbo négociait son départ.

Quelques heures après l'intervention à Abidjan en Côte d'Ivoire des hélicoptères de la force française Licorne aux côtés de la force de l'Onu dans le pays (Onuci), le chef d'état major de l'armée fidèle au président sortant Laurent Gbagbo a annoncé appeler à un cessez-le-feu. "Suite au bombardement par les forces françaises de certaines de nos positions et de certains points stratégiques de la ville d'Abidjan, nous avons nous-mêmes arrêté les combats et nous avons demandé au général commandant l'Onuci un cessez-le-feu", a indiqué le général Mangou. "Nous demandons à l'Onuci de faire en sorte qu'il n'y ait pas de pillages et de chasse aux sorcières".

Dans la matinée, Ally Coulibaly, ambassadeur ivoirien en France et proche d'Alassane Ouattara, indiquait que Laurent Gbagbo "est en vie actuellement" et "serait en négociations pour se rendre". "On est au courant", a déclaré Alain Juppé, interrogé sur ces négociations. "S'il y a des possibilités de le voir quitter le pouvoir, nous sommes prêts", a ajouté le ministre français des Affaires étrangères lors d'un point de presse. "Deux généraux proches de l'ancien président Gbagbo sont en train de négocier les conditions d'une reddition" a affirmé François Fillon à l'Assemblée nationale lors de la séance des questions d'actualité. Pour Paris, il est impératif que le président sorti s'engage par écrit à renoncer au pouvoir.

"Tout peut se dénouer dans les quelques heures qui viennent" avance de son côté Gérard Longuet, le ministre français de la Défense. "La France peut être aujourd'hui fière d'avoir participé à la défense et à l'expression de la démocratie en Côte d'Ivoire" a conclu le Premier ministre.

Pour justifier l'intervention de l'armée française, l'Elysée indiquait dans un communiqué avoir répondu à une requête du secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, qui a sollicité l'aide de la France dans une lettre à Nicolas Sarkozy. "Le président de la république a répondu positivement à cette demande et autorisé les forces françaises, agissant conformément au mandat que leur a donné le Conseil de sécurité, à participer aux opérations conduites par l'Onuci en vue de la protection des civils", lit-on dans le communiqué. L'Elysée publie le texte des lettres échangées entre Ban Ki-moon et Nicolas Sarkozy, le secrétaire général de l'Onu déclarant qu'il était "urgent" de lancer des opérations pour mettre hors d'état de nuire des armes lourdes utilisées contre la population civile et l'Onuci qui lui vient en aide.

Ce sont ainsi 150 soldats supplémentaires qui ont été envoyés en Côte d'Ivoire pour protéger les civils, portant à quelque 1.650 hommes l'effectif de son dispositifs Licorne sur place. A Abidjan, des témoins ont rapporté que deux hélicoptères de l'Onu avaient tiré lundi des missiles sur le camp militaire d'Akouédo, qui abrite trois bataillons de l'armée ivoirienne fidèle à Laurent Gbagbo.

La violence des affrontements préoccupe fortement les organisations humanitaires; en particulier l'ONU aux droits de l'homme qui dénonce une une situation humanitaire "absolument dramatique". L'inquiètude est d'autant plus forte que "des armes lourdes sont utilisées dans des quartiers (d'Abidjan, ndr) ayant une très forte densité de population, et auraient conduit à des dizaines de morts ces derniers jours", a souligné Rupert Colville, porte parole du Haut commisariat aux droits de l'homme lors d'une conférence de presse ce mardi.

La porte-parole du Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'ONU, Elisabeth Byrs, a quant à elle expliqué que "la plupart des hôpitaux ne marchent pas, ils manquent d'oxygène... quant aux ambulances, elles ne fonctionnent pas non plus et quand elles roulent, on leur tire dessus".