Laurence Parisot et son homologue italienne invitent Paris et Rome à se réconcilier

Par Sylvain Rolland  |   |  581  mots
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La présidente du Medef et Emma Marcegaglia, la patronne des patrons italiens mettent en garde contre le risque du protectionnisme, notamment avec les mesures que veut prendre Rome pour s'opposer à la montée du français Lactalis au capital de Parmalat.

La présidente du Medef, Laurence Parisot, et son homologue italienne Emma Marcegaglia, qui dirige la Confindustria italienne, ont affiché leur unité vendredi à Paris en marge du "B8", la réunion des patrons des patrons des pays du G8. Les deux femmes se sont opposées de concert aux mesures protectionnistes envisagées par le gouvernement italien pour contrer la montée de Lactalis au capital de Parmalat, et ont proposé une "réunion de médiation" entre la France, l'Italie et leurs confédérations patronales pour "retrouver de bonnes relations".

Côte à côte lors de la conférence de presse, côte à côte pour la photo. Laurence Parisot et Emma Marcegagliane se sont pas quittées d'une semelle lors de cette réunion du "B8". Alors que la prise de contrôle progressive du groupe français Lactalis sur son concurrent Parmalat agite la sphère politique italienne, les deux femmes ont saisi l'occasion pour afficher leur unité.

"Les relations entre le Medef et Confidustria sont excellentes" a tenu à préciser Emma Marcegaglia, avant de rappeler que "Confindustria n'a pas du tout soutenu les décisions" du gouvernement italien. "En ce moment, alors que la situation internationale crée de fortes inquiétudes, cela ne vaut pas la peine d'avoir ce type de conflits", a-t-elle poursuivi.

Pour les deux dirigeantes, la volonté du gouvernement italien de créer un Fonds stratégique d'investissement afin de permettre à l'Etat de prendre des participations dans des groupes stratégiques pour les protéger contre des OPA étrangères, va à l'encontre des règles de l'économie de marché. "Que le meilleur gagne ! Chaque pays est très attaché à ses entreprises et préfère qu'elles soient victorieuses, mais ce sont les règles du jeu et elles sont les mêmes pour tout le monde" lance Laurence Parisot. A sa gauche, Emma Marcegaglia opine du chef.

Une réunion à Rome avant l'été

Les deux femmes ont proposé une "réunion de médiation" entre les gouvernements français et italiens, en présence du Medef et de Confindustria, pour "discuter des tensions et tenter de revenir à de bonnes relations entre les deux pays". Selon Laurence Parisot, qui s'est fait le porte-voix de cette idée commune, la réunion pourrait se tenir à Rome dans "un ou deux mois". A moins que Nicolas Sarkozy et Silvio Berlusconi ne saisissent cet appel du pied et organisent la rencontre le 26 avril prochain, lors d'une visite à Rome du président français.

Par ailleurs, si Emma Marcegaglia s'est éloigné des positions du gouvernement italien sur l'affaire Parmalat-Lactalis, Laurence Parisot a fait de même sur les questions d'immigration vis-à-vis du gouvernement français. La présidente du Medef a plaidé pour une immigration "raisonnable" après les propos du ministre de l'Intérieur Claude Guéant préconisant de limiter l'immigration légale. "Rester un pays ouvert est une nécessité. Nous sommes pour l'immigration en général car elle est source de richesses et d'ouverture. C'est dangereux un pays qui se ferme" a-t-elle affirmé.

Laurence Parisot a également jugé "tout à fait normal" que les rémunérations des dirigeants des entreprises dont l'Etat est actionnaire soient plafonnées. "C'est très simple. Dans une entreprise, la rémunération dépend du conseil d'administration, et lui-même est entre les mains des actionnaires. Si l'actionnaire est l'Etat, il peut faire comme il le souhaite, c'est tout à fait normal", a-t-elle jugé.