Ben Laden a été tué par les forces américaines

Par latribune.fr avec Reuters  |   |  1798  mots
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"Je suis en mesure d'annoncer aux Américains et au monde que les Etats-Unis ont mené une opération qui a tué Oussama ben Laden, chef d'Al-Qaïda, un terroriste responsable du meurtre de milliers d'innocents", a déclaré Barack Obama dimanche soir. Les chaînes de télévision CNN et MSNBC ont annoncé que son corps a été immergé en mer.

Barack Obama a annoncé dimanche soir à Washington la mort d'Oussama ben Laden au Pakistan. Le président amécain a notamment précisé "que les Etats-Unis ont mené une opération qui a tué Oussama Ben Laden, le chef d'Al-Qaïda, un terroriste responsable du meurtre de milliers d'innocents". Il a ajouté : "justice est faite !".

Oussama Ben Laden est mort et son corps est aux mains des autorités américaines, ont déclaré dimanche soir à Washington des responsables américains.  La chaîne CNN a rapporté que Ben Laden a été tué dans une résidence située près d'Islamabad, la capitale du Pakistan. Il s'agit d'une réussite majeure pour Barack Obama et son conseil de sécurité nationale.

Après cette allocution, une foule en liesse s'est rassemblée dans la soirée devant la Maison blanche. Cependant, Washington demande aux américains de redoubler de vigilance lorsqu'ils sont à l'étranger. Le département d'Etat américain a averti dimanche contre un risque accru de violences anti-américaines, il a diffusé une alerte aux voyageurs américains. Washington conseille "fortement" aux Américains de limiter leurs déplacements hors de leurs maison ou hôtel dans les pays où le décès du chef d'Al Qaïda pourrait déclencher des incidents, "étant donné l'incertitude et l'instabilité de la situation actuelle".

La mort d'Oussama Ben Laden est une "catastrophe" pour le réseau extrémiste d'Al-Qaïda a souligné un des membres de la branche yéménite qui s'est fait confirmer l'information.

 

Bush parle de "réussite capitale"

De son côté, l'ancien président américain, George W. Bush qui avait proclamé chercher Oussama ben Laden mort ou vif après les attentats du 11 septembre 2001, a qualifié de "réussite capitale" dimanche le décès du chef d'Al Qaïda. "La lutte contre le terrorisme continue, mais ce soir, l'Amérique a envoyé un message évident: quel que soit le temps que cela prend, la justice finit par être rendue", a déclaré George Bush dans un communiqué.

Pour David Cameron, premier ministre britannique, cette mort est un "soulagement pour le monde". "Oussama ben Laden était responsable des pires atrocités terroristes que le monde ait connues - le 11-Septembre et de si nombreux attentats qui ont coûté la vie à des milliers de vies, dont beaucoup de Britanniques. C'est un grand succès qu'il ait été retrouvé et qu'il ne puisse plus être en mesure de poursuivre sa campagne mondiale de terreur", a-t-il dit dans un communiqué.

Risques de vengeance

La mort de Ben Laden devrait inciter la mouvance Al Qaïda à chercher à se venger.  Le département d'Etat américain a d'ailleurs averti ses concitoyens contre un risque accru de violences anti-américaines et diffusé une alerte aux voyageurs américains. Washington conseille "fortement" aux Américains de limiter leurs déplacements hors de leurs maison ou hôtel dans les pays où le décès du chef d'Al Qaïda pourrait déclencher des incidents, "étant donné l'incertitude et l'instabilité de la situation actuelle".

L'organisation policière internationale Interpol recommande d'ailleurs des "mesures spéciales de vigilance". "Le terroriste le plus recherché au monde n'est plus, mais la mort de Ben Laden ne représente pas la disparition des organisations affiliées à Al-Qaïda ou inspirées par Al-Qaïda, qui continuent et vont continuer à s'impliquer dans des attaques terroristes à travers le monde", a souligné le secrétaire général d' Interpol Ronald Noble, cité dans le communiqué. "Nous devons donc rester unis et concentrés sur la coopération et la lutte que nous avons engagées, non seulement contre cette menace mondiale mais aussi contre le terrorisme perpétré par quelque groupe, où qu'il soit", a-t-il ajouté.

Dix années de traque

Le prédécesseur d'Obama, George W. Bush, avait traqué en vain pendant près de sept ans et demi, des attentats du 11 septembre 2001 à son départ de la Maison blanche en janvier 2009, l'extrémiste d'origine saoudienne. Selon certaines informations, Ben Laden avait failli être tué par un bombardement américain fin 2001 dans les montagnes de Tora Bora, dans l'est de l'Afghanistan.

De nombreux spécialistes du renseignement estimaient qu'il se cachait au Pakistan. Ancien combattant dans la guerre contre l'occupation soviétique en Afghanistan, Ben Laden a approuvé les attentats du 11 septembre 2001. Il a également été jugé à l'origine d'une série d'attentats contre des objectifs américains en Afrique et au Moyen-Orient dans les années 1990.

Réactions en France

Un communiqué de l'Elysée déclare que la France "salue la ténacité des Etats-Unis" après la mort de Ben Laden, qu'elle qualifie d'"événement majeur de la lutte mondiale contre le terrorisme". "Principal responsable des attentats du 11 septembre 2001, Oussama Ben Laden était le promoteur d'une idéologie de haine et le chef d'une organisation terroriste qui a fait des milliers de victimes dans le monde entier, notamment dans les pays musulmans", ajoute la présidence."Pour ces victimes, justice est faite. Ce matin, la France pense à elles et à leurs familles" peut-on encore lire dans le document.

Le Premier ministre, François Fillon, évoque de son côté "une victoire pour tous ceux qui luttent contre le terrorisme". Et de souligner que la France "paye un lourd tribut à cette lutte par le nombre de ses soldats tués ou blessés en Afghanistan et de ses ressortissants pris en otage" mais assure que Paris "continuera à se battre pour le respect de la vie humaine, pour la paix et pour la démocratie".

Gérard Longuet, le ministre de la Défense, a déclaré sur RTL, que la mort du dirigeant d'Al-Qaïda devrait être positif pour le sort des journalistes détenus en Afganistan. Selon lui, cette annonce est "un évènement considérable pour le monde entier".

Le Ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, a pour sa part déclaré sur France Inter  : "La France, les Etats-Unis comme d'autres pays européens coopèrent étroitement pour lutter contre le terrorisme. C'est donc une nouvelle qui me réjouit profondément".

Dispositif vigipirate maintenu au niveau rouge...

Paris devrait maintenir son dispositif antiterroriste Vigipirate au niveau actuel bien que la menace reste élevée après la mort d'Oussama ben Laden, a déclaré lundi le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé. Le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, en déplacement à Lyon, a toutefois annoncé que le dispositif serait "adapté". "Nous sommes en Vigipirate rouge. Je ne pense pas que de ce point de vue des décisions seront prises, mais il appartient au ministre de l'Intérieur (...) d'en décider", a dit Alain Juppé lors d'une conférence de presse à Bordeaux.

La France maintient le plan antiterroriste Vigipirate au niveau rouge, l'avant-dernier sur l'échelle des risques, depuis les attentats de Londres de 2005. Ce dispositif est discrètement renforcé pendant les périodes à risque. A Lyon, Claude Guéant a déclaré à des journalistes que "le niveau de risque terroriste était élevé avant la mort de ben Laden. Il reste élevé après sa mort".

... et maintuien des opérations de l'Otan en Afghanistan

L'Otan estime que sa mission en Afghanistan doit se poursuivre. "C'est un grand succès pour la sécurité des alliés de l'Otan", a déclaré dans un communiqué son secrétaire général Anders Fogh Rasmussen en adressant ses "félicitations au président (américain) Barack Obama et à tous ceux qui ont rendu cette opération possible". Toutefois, poursuit-il, "le terrorisme continue de menacer directement notre sécurité et la stabilité internationale" et "les alliés de l'Otan et leurs partenaires continueront de mener leur mission en Afghanistan".

Avec actuellement 140.000 soldats sur le terrain,l'Otan  ne prévoit pas de passer le relais de l'ensemble des opérations aux troupes afghanes avant la fin 2014.

L'avenir d'Al-Qaïda

"Pour ce qui est de la conduite des opérations terroristes, Ben Laden n'était plus du tout la figure centrale depuis un certain temps déjà", relève Paul Pillar, ancien haut responsable du renseignement américain. Pour les spécialistes de l'antiterrorisme, les mutations constantes d'Al Qaïda ont rendu la lutte plus ardue qu'au moment des attentats à New York et Washington. En effet, dix ans après les attentats du 11 septembre 2001, et le renversement du régime taliban qui l'abritait en Afghanistan, l'organisation s'est fragmentée en un réseau mondial de groupes djihadistes indépendants les uns des autres. Le coeur névralgique de l'organisation, lui, a été affaibli par les frappes menées depuis des années par des drones américains au Pakistan. Al Qaïda n'a plus été en mesure de mener un attentat réussi sur le sol occidental depuis les attentats de Londres, en juillet 2005, qui avaient fait 52 morts.

Pour la France, Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), inquiète. Cette autre filiale de la nébuleuse retient notamment quatre Français en otages depuis le raid mené en septembre dernier contre la ville d'Arlit, dans le nord du Niger.

Pour Marc Trévidic, juge antiterroriste français, la mort de Ben Laden marque la fin d'Al Qaïda telle qu'on l'a connue jusqu'ici car il était le seul à fédérer les islamistes du monde entier. Mais il ajoute que le djihadisme international, s'il perd une "capacité d'impulsion", conserve son potentiel violent.

Fawaz Gerges, spécialiste d'Al Qaïda à la London School of Economics, juge lui aussi que la disparition de Ben Laden est une victoire "plus symbolique que concrète" pour les Etats-Unis.

"Tout le monde sait bien que ça ne va pas mettre fin au problème, ça va tout de même avoir un impact sur la capacité d'Al Qaïda de renaître un jour comme vrai état-major de commandement en zone pakistano-afghane", a-t-il dit aux agences de presse. "Sur le plan opérationnel, le commandement et le contrôle (central) d'Al Qaïda a été amputé et ses principaux dirigeants ont été soit arrêtés, soit tués", dit-il. "Plus important encore, Al Qaïda a perdu la lutte pour les coeurs et les âmes dans le monde arabe et ailleurs, et a du mal à attirer des partisans et des recrues compétentes", ajoute-t-il.

Le "printemps arabe" qui a débuté fin 2010 en Tunisie avant de se propager dans d'autres pays de la région inflige un revers idéologique au mouvement islamiste. Car les manifestants arabes réclament la démocratie et les droits de l'homme: des concepts que Ben Laden frappait d'anathèmes, les considérant comme un sacrilège et comme l'expression d'une volonté de placer les désirs des hommes au-dessus de la volonté divine.