Devant le Tribunal de Manhattan, une attente interminable... et finalement pas de DSK

Par Jérôme Marin à New York  |   |  686  mots
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Le directeur du FMI devrait être entendu ce lundi matin à New York, "pas avant 11 heures", selon son avocat. Des tests ADN ont été effectués. Il a quitté, menotté, le commissariat de Harlem dans la soirée.

Il est 22h15 à New York, quand William Taylor, l'un des deux avocats de Dominique Strauss-Kahn annonce à la presse que le directeur général du Fonds monétaire international (FMI) ne sera finalement pas auditionné dimanche - audience au terme de laquelle il devait être formellement mis en examen. Il ne le sera que lundi matin, "pas avant 11 heures" (17 heures en France), a-t-il indiqué devant une bonne centaine de journalistes parqués devant le Tribunal du sud de Manhattan.

DSK passera donc la nuit en détention, sa deuxième après son arrestation samedi après-midi à l'aéroport de JFK à bord d'un avion d'Air France. Mais aucune indication n'a filtré sur l'endroit. Peu après 23 heures, il a quitté, menotté, le commissariat d'Harlem sur la 124ème rue (nord de Manhattan), dans lequel il se trouvait depuis samedi, pour se rendre vers une destination inconnue. Peut-être directement vers le Tribunal.

"Mon client est fatigué mais il va bien", a poursuivi son avocat, rappelant qu'il avait nié les faits qui lui étaient reprochés et qu'il était prêt à se battre "vigoureusement" pour prouver son innocence. Il a ainsi accepté de se soumettre à des tests médico-légaux, a-t-il indiqué, sans préciser leurs natures. Selon le Wall Street Journal, il s'agirait de tests ADN effectués sur le corps de DSK et sur d'éventuelles griffures. L'AFP parle de son côté de tests sur les vêtements.

Arrivés en début d'après-midi au Tribunal, William Taylor et Benjamin Brafman, son second avocat, s'étaient pourtant montrés relativement confiants sur la libération conditionnelle de leur client dans des brefs délais, en échange d'une importante caution et certainement d'une interdiction de quitter l'Etat de New York ou le territoire américain. Mais ces tests "non prévus" ont retardé le processus de plusieurs heures.

Initialement, l'audition de Dominique Strauss-Kahn devait intervenir vers midi, heure de New York (18 heures en France). Elle n'a cessé par la suite d'être reportée. D'une heure, puis de deux, puis de trois... Dehors, l'interminable attente débute alors pour les dizaines de journalistes déjà présents. Certains sont arrivés tôt le matin et multiplient les directs avec Paris, souvent frustrés de n'avoir rien de nouveau à raconter.

Et chacun essaie de savoir ce qu'il se passe à l'autre extrémité de la ville, devant le commissariat de Harlem où sont également postés des dizaines de confrères. SMS, Internet, Twitter... tous les moyens sont bons pour tenter de dénicher des infos. Les quelques policiers présents à l'intérieur du Tribunal sont pris d'assaut. Les avocats de DSK également. Au fil des heures, ils se font pourtant de plus en plus discrets.

A Harlem, les journalistes attendent une photo de Dominique Strauss-Kahn - qu'ils auront finalement grâce à la mise en scène de la police - ou de la plaignante. Cette dernière est bien venue identifier son agresseur présumé mais personne ne l'a aperçue. Quelques informations (non vérifiées) sont cependant tombées. Elle s'appellerait Ophelia, elle serait afro-américaine ou portoricaine. On connaissait déjà son âge: 32 ans. Salarié depuis 3 ans au Sofitel de New York, elle est décrite comme une bonne employée.

A quelques kilomètres de là, la petite salle d'audience du Tribunal du sud de Manhattan n'avait certainement jamais connu une telle affluence. Pleine à craquer. On y parle majoritairement français. Des journalistes mais aussi quelques curieux, comme cette jeune employée de Wall Street croisée à 13 heures et encore présente 9 heures plus tard ou cet homme venu vivre "un moment historique". "Silence, audience en cours" doivent rappeler à plusieurs reprises des officiers de police.

A la barre, les prévenus défilent dans l'indifférence générale. Souvent des jeunes accusés de délits mineurs. A 21 heures, la séance s'interrompt pour 1h15. DSK sera le premier à être auditionné à la reprise se murmure-t-il dans les rangs. Mais déjà certains commencent à évoquer qu'il ne le sera pas ce soir. A 22h15, fin du suspens. L'attente reprendra demain matin.