FMI : Pourquoi Stanley Fischer ne battra pas Christine Lagarde

Par latribune.fr  |   |  778  mots
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Le très réputé gouverneur de la Banque d'Israël a annoncé samedi qu'il se lançait dans la course au poste de directeur général du FMI. Il cumule cependant plusieurs handicaps et pas des moindres. Dimanche, Christine Lagarde a reçu un soutien "très affirmé" de l'Egypte et de l'Indonésie, pays membre du G20..

Le 30 juin prochain, le Fonds monétaire international (FMI) devrait désigner son nouveau directeur général. Une femme et deux hommes sont en lice pour occuper ce fauteuil. Car alors que la date limite pour se porter candidat à la direction générale du FMI a expiré samedi à 6 heures du matin (heure de Paris), le gouverneur de la Banque d'Israël, Stanley Fischer, a annoncé qu'il briguait le poste. A moins d'une nouvelle candidature surprise dévoilée dans les prochaines heures, ils seront donc trois à s'affronter pour succéder à Dominique Strauss-Kahn : Stanley Fischer, Christine Lagarde et le gouverneur de la banque centrale du Mexique, Agustin Carstens.

Cette nouvelle candidature vient cependant compliquer la route de la ministre française de l'Economie et des Finances. Et, à n'en pas douter, pour Christine Lagarde, ce n'est pas une bonne nouvelle, même si cet obstacle qui vient de surgir sur son chemin vers Washington n'est pas insurmontable. Loin de là. Originaire de Zambie, Stanley Fischer est cependant un rival très sérieux pour la Française.

Car cet homme de 67 ans a travaillé de 1988 à 1990 comme vice-président et chef économiste à la Banque mondiale, avant d'occuper les fonctions de directeur exécutif adjoint du FMI entre 1994 et 2001. Il a également été vice-directeur de Citigroup et président de Citigroup International, travaillant au sein de ce groupe bancaire de 2002 à 2005. Au fil des ans, il s'est donc forgé une réputation d'économiste rigoureux. Le magazine Euromoney l'a même classé en 2010 à la première place de son hit-parade mondial des gouverneurs de banques centrales. Tandis qu'une autre revue, Global Finance, lui a décerné la note "A" en 2009 et 2010 dans son classement des gouverneurs centraux.

Pourtant, si ce n'est pas gagné, rien n'est perdu pour Christine Lagarde. Car Stanley Fischer cumule plusieurs gros handicaps. A commencer par son âge. Les règlements du FMI fixent à 65 ans l'âge maximum pour être élu au poste de directeur et à 70 ans l'âge maximum pour occuper cette fonction. Or il a aujourd'hui 67 ans. En outre, sa nationalité israélienne pourrait, d'autre part, lui valoir une forte opposition de la part des pays arabes. Enfin, il est entré en campagne bien tardivement, même ceux qui l'apprécient en conviennent. Pour l'économiste Nouriel Roubini, Stanley Fischer a les qualifications requises pour diriger le FMI, mais il s'est déclaré trop tard pour espérer devancer Christine Lagarde. "Stanley Fischer ferait un excellent directeur général du FMI. Mais, à ce stade tardif, il ne dispose pas du soutien nécessaire pour réussir", a estimé Nouriel Roubini.

 

Soutiens indonésien et égyptien

 

Certes, l'Israélien pourra aussi compter sur les sympathies américaines ainsi que sur sa proximité avec le patron de la Réserve fédérale, Ben Bernanke, dont il a été conseiller. Car jusqu'en janvier 2005 il avait la nationalité américaine, date à laquelle il a dû renoncer pour devenir uniquement Israélien, lorsqu'il a été désigné au poste de gouverneur de la Banque d'Israël, la double nationalité n'étant pas autorisée dans ce pays pour les hauts fonctionnaires.

La ministre française de l'Economie, Christine Lagarde, soutenue par l'Union européenne et l'Afrique subsaharienne, peut donc continuer à faire figure de favorite pour s'installer dans le fauteuil de directeur général. Samedi, elle a rencontré son homologue saoudien dans le cadre de sa campagne pour rallier des suffrages. "L'Arabie saoudite joue un rôle important dans l'économie mondiale, a commenté Ibrahim Alassaf devant la presse. Nous allons donc demander un renforcement du rôle et de la part du royaume dans le FMI". Mieux, la ministre a précisé dimanche bénéficier du soutien "très affirmé" de l'Egypte. Et quelques heures après la candidature surprise israélienne, elle a également reçu dimanche l'appui de l'Indonésie, un des pays émergents et membre du G20. Le ministre des Finances indonésien, Agus Martowardojo, a en effet affirmé à Djakarta : "Personnellement, je soutiens la France", car Christine Lagarde est, à ses yeux, "une personne professionnelle, très compétente dans l'interaction entre les organisations". Le ministre a également vanté la "forte intégrité et expertise" de la Française.
Christine Lagarde doit tenter de rallier à sa candidature les Chinois et les Américains alors que le Sud-Africain Trevor Manuel s'est retiré de la course vendredi. Parmi les puissances émergentes, le Brésil serait enclin à pencher en faveur de Christine Lagarde, mais la première économie d'Amérique latine n'a pas encore fait connaître sa position, précisait un responsable, vendredi. Le candidat mexicain, lui, paraît pour l'heure un peu isolé.

J.L.A.