Grève générale en Grèce, alors que les Européens discutent toujours

Par latribune.fr, avec Reuters  |   |  792  mots
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Les Grecs observent une grève générale et manifestent ce mercredi pour s'opposer au plan d'austérité dont les députés vont débattre. De leur côté, les ministres des Finances de la zone euro et de l'UE, qui discutent du deuxième plan d'aide à la Grèce, ont des difficultés à se mettre d'accord sur l'implication du secteur privé. Selon Jürgen Stark (BCE), l'aide privée à la Grèce doit être volontaire.

Les administrations, les transports et les commerces sont très perturbés ce mercredi en Grèce. Ce jour de grève générale permet à la population de marquer leur opposition contre un nouveau plan de rigueur préparé par le gouvernement. Les manifestants de la place Syntagma (place de la Constitution) à Athènes se sont postés devant le parlement pour empêcher les députés de débattre des nouvelles mesures d'austérité défendues par le gouvernement socialiste.

Malgré la grogne populaire, le gouvernement de George Papandréou va soumettre au parlement un nouveau programme d'austérité sur cinq ans avec l'objectif de le faire adopter avant la fin du mois. Ces mesures sont réclamées par les créanciers internationaux de la Grèce pour débloquer un nouveau plan d'aide et lui éviter ainsi la faillite.

L'Ecofin patine

Côté européen, les ministres des Finances de la zone euro et de l'UE ne sont pas parvenus mardi soir à résoudre leurs divergences sur l'implication du secteur privé dans un deuxième plan de soutien à la Grèce, à dix jours d'un sommet européen décisif. De nouvelles réunions de l'Eurogroupe et du conseil Ecofin auront lieu lundi prochain à Luxembourg afin de parvenir à un accord final les 23 et 24 juin lors du Conseil européen.

Elles devront également permettre de finaliser les négociations sur ce dossier ainsi que sur les détails de la création d'un mécanisme permanent de stabilité financière, sur le réhaussement des capacités du mécanisme temporaire créé en mai 2010 et sur la réforme du Pacte de stabilité.

La réunion de mardi devait notamment permettre de faire un tour de table politique sur l'idée de l'Allemagne d'offrir aux créanciers privés la possibilité d'échanger leurs obligations grecques actuelles contre de nouvelles, dont la maturité serait allongée de sept ans. Mais le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schaüble a concédé à l'issue de la réunion qu'aucun progrès n'avait été enregistré. "Il n'y a pas eu de résultats", a-t-il dit.

Le ministre belge des Finances, Didier Reynders, a déclaré que les discussions se poursuivraient lors d'un dîner dès dimanche soir à Luxembourg.

Débat sur le secteur privé

Une majorité de pays européens, ainsi que la Banque centrale européenne, sont contre l'idée allemande d'un "swap" entre obligations existantes et de nouvelles. Ils font valoir qu'il s'agirait d'un "événement" de crédit dont les conséquences pourraient être incalculables pour la zone monétaire unique. Berlin, appuyé par la Finlande et les Pays-Bas, estime de son côté que ce plan déclencherait sans doute de nouvelles dégradations de la note de la dette souveraine grecque mais qu'il ne s'agirait pas d'un "défaut" au sens strict.

La Commission européenne travaille à une solution répliquant l'"initiative de Vienne" qui avait vu au début de la crise les banques et autres créanciers privés maintenir de manière volontaire leur exposition aux pays d'Europe de l'Est afin de les aider à traverser les turbulences. Plusieurs banques françaises et allemandes ont d'ailleurs dit récemment soutenir une telle initiative si elle était appuyée par une large base d'investisseurs.

Selon plusieurs sources proches des négociations, il s'agirait d'obtenir des créanciers privés un engagement sur une somme totale d'environ 30 milliards d'euros, qui s'ajouterait à 30 milliards d'euros tirés du programme de privatisations annoncé en janvier et à 60 milliards d'euros de nouveaux prêts de l'Union européenne et du Fonds monétaire international (FMI).

Ce nouveau plan d'aide de 120 milliards d'euros complèterait les 45 milliards d'euros qui doivent encore être déboursés dans le cadre du premier plan de soutien de 110 milliards d'euros agréé en mai 2010.

Quelle aide privée ?

La participation des banques privées à une aide à la Grèce doit se faire sur la base du volontariat pour éviter de gros dégâts sur les marchés financiers, a déclaré mercredi Jürgen Stark, membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE). "Nous ne sommes pas contre la participation des banques, du secteur privé dans le financement de la Grèce, mais elle doit être complètement volontaire, sinon, cela aura des effets négatifs sur les marchés financiers, peut-être même sur d'autres pays", a déclaré Jürgen Stark sur une station de radio. L'observation des marchés financiers nous a appris, a-t-il souligné, qu'"une contrainte, quelle qu'elle soit, débouchera sur une nouvelle valorisation du papier grec et, au final, cela pourrait déboucher sur la menace d'une insolvabilité partielle ou totale de la Grèce".