L'envolée du franc suisse interdit toute hausse de taux à la BNS

Par Julien Beauvieux  |   |  353  mots
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La Banque nationale suisse (BNS) a, sans surprise, maintenu son taux directeur proche de 0%.

Dans un contexte de flambée du franc suisse lié à l'incertitude sur l'économie mondiale, la Banque nationale suisse (BNS) a sans surprise maintenu son taux directeur proche de 0%. L'institut d'émission a en outre conservé ses prévisions conjoncturelles pour 2011, avec une croissance du PIB de 2%, tout en relevant ses anticipations d'inflation à 0,9%, contre 0,8% précédemment. La BNS a en revanche ramenée à de 1,1% à 1% sa prévision d'inflation pour 2012 et de 2% à 1,7% en 2013.

"Les nouvelles prévisions sont inférieures par rapport à celles du mois de mars en raison de l'appréciation récente du franc suisse", a expliqué le président de la BNS, Philipp Hildebrand, lors d'une conférence de presse. En raison des craintes sur la croissance américaine et l'aggravation de la crise des finances publiques grecques, le franc suisse joue le rôle de valeur refuge. La monnaie helvétique a atteint ce jeudi un plus haut historique de 1,195 franc pour un euro. Le franc suisse cotait par ailleurs à 85,10 cents pour un dollar en fin d'après-midi, non loin de son record de 83,27 enregistré le 7 juin.

Le patron de la banque centrale s'est dit "préoccupé par l'évolution du cours de change", l'un des principal risque qui pèse sur la croissance avec "la menace de surchauffe dans le secteur immobilier". Philipp Hildebrand a d'ailleurs prévenu : "l'actuelle politique monétaire expansionniste ne pourra être maintenue pendant les trois prochaines années sans menacer la stabilité des prix à long terme".

Premier tour de vis en mars 2012

Dans l'immédiat, la force du franc permet cependant de limiter les pressions inflationnistes, l'inflation ayant augmenté de seulement 0,3% en mai, ce qui donne un peu de temps à la BNS pour normaliser sa politique monétaire très accommodante. Afin de combattre les effets de la crise, la BNS a maintenu depuis mars 2009 la marge de fluctuation de son taux directeur de référence, le Libor à trois mois, à une fourchette de 0% à 0,75%, tout en visant une moyenne de 0,25%. Sur le marchés des contrats "futures", les intervenants ont désormais repoussé à mars 2012 le premier tour de vis monétaire de l'institution.