La Banque nationale suisse milite pour un FMI plus influent et plus indépendant

Grande priorité de la présidence française du G20, la réforme du système monétaire international (SMI), prônée par Nicolas Sarkozy, est sur de bons rails. Lors d'une réunion à ce sujet à Zurich, le président de la Banque nationale suisse (BNS), Philipp Hildebrand, a plaidé ce mardi pour une plus grande indépendance du Fonds monétaire international (FMI), appelé à accentuer son rôle dans la gouvernance mondiale.
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Décrié et décrédibilisé il y a encore quelques années, le Fonds monétaire international (FMI) n'a jamais autant eu le vent en poupe. Ce mardi, à Zurich, le président de la Banque nationale suisse (BNS), a milité pour que l'institution basée à Washington soit au c?ur de la réforme à venir du système monétaire international (SMI). Lors d'une réunion sur le sujet en présence de Dominique Strauss-Kahn, la ministre française de l'Economie, Christine Lagarde, et des représentants des banques centrales du Canada, de l'Inde, de la Banque centrale européenne et de l'institut d'émission du Japon, le patron de la BNS a estimé que cette réforme était "une priorité".

Une "amélioration" du système monétaire international, "pas une révolution"

Actuellement fondé sur un système des changes flottants depuis 1976 (après l'abandon de l'étalon-or en 1971), le système monétaire international correspond à l'ensemble des mécanismes et des institutions qui visent à organiser et à réguler les échanges monétaires internationaux et l'organisation des régimes de changes. Pour "améliorer" ce système, Philipp Hildebrand prône un renforcement de l'indépendance du FMI, seul garant, selon lui, d'une régulation efficace de l'économie mondiale. "Pour délivrer un message crédible, l'expertise technique du Fonds doit être au delà de toute suspicion de manipulation politique", a-t-il plaidé. Néanmoins, le patron de l'institut d'émission helvétique estime qu'une révision complète n'est pas nécessaire : "en dépit de ces imperfections multiples, le système actuel a aussi des qualités. Des améliorations s'imposent, pas une révolution".

Grâce à ses interventions, à coups de milliards de dollars, pour sauver les économies menacées par la crise financière, l'institution longtemps décriée qu'est le FMI a su se positionner en régulateur indispensable d'une économie mondiale sous haute tension. Depuis la crise financière de 2008-2009, la plus grave depuis la Grande Dépression des années 1930, la situation économique internationale est marquée par les menaces de faillite de certains pays européens, la forte volatilité des monnaies, ou les tensions sur le marché des réserves de changes.

Dans ce contexte, la modernisation du FMI opérée par son directeur général Dominique Strauss-Kahn et le triplement de son budget en 2009 (de 250 à 750 milliards de dollars), ont permis à l'institution de contribuer à sauver le système financier mondial, et d'octroyer des prêts à des économies en danger telles que la Grèce, le Portugal ou l'Irlande (en collaboration avec les mécanismes d'aide de l'Union européenne). Grâce à une capacité d'action renforcée, le FMI a ainsi su restaurer une crédibilité mise à mal par son incapacité à anticiper la crise financière.

Souci d'indépendance

Mais l'indépendance du FMI pose toujours problème. Depuis des années, des économistes et certains pays sous-représentés critiquent la "mainmise" des grandes puissances sur l'organisation. Dans son rapport publié le 18 janvier 2011 pour la présidence française du G20, le groupe « Initiative du Palais-Royal », dirigé par l'ancien directeur général du FMI Michel Camdessus et composé d'économistes du monde entier, souligne le "déficit de légitimité" de l'organisation, lié à la "sous représentation de certaines économies émergentes et de certains pays en développement", et à "l'inefficacité du "processus d'examen par les pairs" pour influencer les politiques de ses principaux pays membres". L'analyse, qui sert de base à la réforme du SMI désirée par Paris, semble donc partagée par la Banque nationale suisse et une partie des acteurs économiques mondiaux.

Néanmoins, certains points de la réforme du SMI restent sujets à débats. Alors que la France propose la création d'un système d'aide financière plus large, le patron de la BNS a estimé que l'introduction d'un "filet de sécurité financière international" n'était pas "nécessaire". Un sujet, parmi d'autres, qui sera débattu dans les mois qui viennent lors des futures réunions du G20.

Commentaire 1
à écrit le 11/05/2011 à 11:25
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Ben voyons la caricature de l'ultralibéralisme!. Un banquier Suisse qui demande plus d'indépendance pour que le petit feutré des banques décide sans aucun contrôle démocratique. c'est comme les avis de l'OCDE sur les économies. on ne sait pas qui déc...

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