La BRI tire le signal d'alarme sur la dette

Par latribune.fr, avec AFP  |   |  617  mots
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La Banque des règlement internationaux ( BRI ) a appelé ce dimanche les économies avancées à assainir au plus vite les "finances publiques et privées" pour éviter une "nouvelle catastrophe", avertissant les pays émergents des risques d'endettement et de surchauffe immobilière. Et elle a indiqué que la liste des banques d'importance systémique à l'échelle mondiale, à qui des exigences supplémentaires pourraient être appliquées, n'est pas encore fixée.

"Il est grand temps d'assainir les finances publiques et privées", avertit la BRI dans son rapport annuel présenté lors de son assemblée générale à Bâle ce dimanche. "Les autorités budgétaires doivent prendre au plus vite des initiatives énergiques, avant qu'une nouvelle catastrophe n'arrive", insiste-t-elle.

Mais, alors que les manifestations contre les plans de rigueur se multiplient dans les pays européens, comme en Espagne et en Grèce, la BRI - la "banque centrale des banques centrales" - estime que les mesures d'austérité ont peu de chance de se révéler "contreproductives en étouffant la croissance". Les économistes de la BRI estiment toutefois que "plus vite les économies avancées abandonneront le modèle de croissance tirée par l'endettement, qui a précipité la récente récession, (...) plus vite elles renoueront avec une croissance durable". "Dans de nombreuses économies avancées, la dette pèse encore lourdement sur les ménages comme sur les établissements financiers et non financiers, et l'assainissement des finances publiques est à peine amorcé", déplorent-ils.

Ramener la dette à des niveaux "supportables" ne sera pas aisé. Cette tâche doit notamment prendre en compte, selon le rapport, "le fait que, étant donné le vieillissement démographique, les régimes de retraite et autres acquis sociaux sont tout simplement trop onéreux pour pouvoir être maintenus". D'autres défis attendent les gouvernements, prévient la BRI , constatant que "les déséquilibres financiers mondiaux resurgissent".

Elle redoute particulièrement un retour de l'inflation, estimant que les risques ont globalement augmenté sous "l'effet conjugué d'une diminution des capacités inutilisées et d'un renchérissement des denrées alimentaires, de l'énergie et des autres produits de base". En conséquence, "les politiques monétaires très accommodantes vont rapidement devenir une menace pour la stabilité des prix", craint-elle.

Pour la BRI , le danger inflationniste menace désormais les économies avancées et renforce les arguments en faveur d'un relèvement généralisé des taux directeurs des banques centrales qui "risquent de devoir le faire à un rythme plus rapide que lors des phases de resserrement précédentes".

Les pays émergents ne sont pas exempts de risques, selon la BRI , qui prévoit que "les pays dans lesquels l'endettement alimente l'envolée des prix immobiliers et l'explosion de la consommation risquent de voir se creuser des déséquilibres semblables à ceux dont souffrent aujourd'hui les économies avancées". "Ainsi, les prix de l'immobilier progressent à un rythme effréné dans certains cas, tout comme l'endettement du secteur privé", fait-elle valoir. Malgré tout, la BRI se veut confiante face notamment à la "croissance robuste" des économies émergentes. "Le pessimisme ayant fini par lasser, l'optimisme reprend pied. Reste à savoir (...) si l'optimisme est justifié".

Banques systémiques

Par ailleurs, la liste des banques d'importance systémique à l'échelle mondiale, à qui des exigences supplémentaires pourraient être appliquées, n'est pas encore fixée, a indiqué dimanche le directeur général de la BRI, Jaime Caruana. "Le nombre de banques dépendra des consultations", a-t-il expliqué à la presse. Et "je ne pense pas qu'au début l'intention soit de publier les noms des banques", a-t-il ajouté.

Il s'est en revanche félicité du document adopté samedi par le Conseil des gouverneurs des banques centrales sur des exigences supplémentaires à appliquer aux banques systémiques, jugeant "important" d'avoir trouvé un accord sur la nouvelle méthodologie visant à évaluer l'importance systémique des banques. Ce texte, qui prévoit aussi de relever le ratio de solvabilité des banques systémiques jusqu'à 2,5%, doit encore être soumis à consultation auprès du Conseil de stabilité financière (FSB). Ses conclusions seront connus fin juillet.