Les gouvernement locaux en Chine plus endettés qu'ils ne le disent

Par Robert Jules  |   |  442  mots
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L'agence de notation Moody's estime que le niveau d'endettement des collectivités locales en Chine est supérieur de 30% à celui avancé dans un rapport officiel chinois publié la semaine dernière. Elle met en garde sur le risque potentiel de défaut sur une partie de ces dettes, et sur le placement du système bancaire chinois sous perspective négative.

L'agence de notation Moody's relance la suspicion sur le niveau réel des dettes contractées par les gouvernements locaux en Chine. Elle a en effet analysé le rapport publié la semaine dernière par l'Agence nationale chinoise des audits, l'équivalent de la Cour des comptes française, et y voit "un problème plus important que prévu". Car si l'agence a évalué à 10.700 milliards de yuan (1.142 milliards d'euros) le niveau de cet endettement, soit l'équivalent de 28% du PIB du pays, les experts de Moody's ont calculé - en confrontant les chiffres du rapport officiel et les informations fournies par les Banques - que le véritable chiffre était supérieur de 3.500 milliards de yuan (373 milliards d'euros), soit un tiers de plus que l'évaluation officielle.

Pour l'agence de notation, cette révision pourrait l'amener à dégrader les notes des collectivités, en raison du plus grand nombre de défauts qui pourraient intervenir dans un proche avenir. Selon le rapport officiel, 70% de ces dettes doivent être normalement remboursées dans les cinq prochaines années. Le risque de pertes plus élevées pour les créanciers, en particulier si les prix baissaient dans l'immobilier et continuer à se réduire sur le foncier qui a été gagé, s'avère donc plus important. En conséquence, Moody's avertit que "le système bancaire chinois peut potentiellement être placé sous perspective négative", ce qui pourrait avoir des effets sur la croissance économique du pays.

En outre, souligne l'agence de notation, "comme l'Agence nationale des audits ne tient pas compte de ces crédits (les 3.500 milliards de yuans NDLR) accordés aux gouvernements locaux dans son rapport, cela signifie qu'ils ne sont pas considérés comme des créances réelles. Le manque probable d'informations sur ces créances pourrait signifier qu'il y a un risque important de délit."

"Le management de certaines plates-formes financière (par le biais desquelles les gouvernements locaux empruntent NDLR) est anormal", soulignait d'ailleurs la semaine dernière Liu Jiayi, ancien économiste à la Banque mondiale devenu président de l'Agence des audits.

Pour les nombreux observateurs qui voient dans les dettes locales "une bombe à retardement", le rapport de Moody's apporte de l'eau à leur moulin. Les autorités de Pékin pour l'instant restent discrètes, même si elles sont conscientes du problème, comme en témoigne la publication du premier rapport officiel la semaine dernière. Au début du mois de juin, la presse locale "révélait" que le pouvoir central aller consacrer, sur six mois, entre 2.000 et 3.000 milliards de yuans (214 et 320 milliards d'euros) au renflouement des établissements bancaires en difficulté.