Les commentaires de Standard & Poor's sur les Etats-Unis et sur... la France

Par Eric Chalmet  |   |  992  mots
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Au cours d'une téléconférence, les analystes de l'agence de notation ont justifié ce lundi la dégradation de la note souveraine des Etats-Unis. Le président américain doit s'exprimer publiquement sur cette note dans la soirée. Au passage, S&P salue la réforme française des retraites, "intelligente à biens des égards". "Le gouvernement n'a pas cédé à la pression de la rue", se félicite S&P qui applaudit aussi à la chasse aux niches fiscales "et à d'autres types de concessions".

Au cours d'une téléconférence, le directeur de la notation souveraine de Standard & Poor's, David Beers, et John Chambers, son président de la dette souveraine, ont justifié ce lundi la dégradation de la note des Etats-Unis, ramenée de AAA à AA+ à la veille du week-end. Certains d'entre eux se sont déjà exprimés dans les médias américains sans convaincre l'ensemble des investisseurs - dont le président milliardaire de Berkshire Hathaway, Warren Buffett, qui a fustigé cette décision - et surtout pas le Trésor.

Le gouvernement américain estime que S&P a sous-évalué de 2.000 milliards de dollars les économies qui seront réalisées d'ici à 2021 grâce au plan de réduction des dépenses fédérales récemment voté au Capitole. Le secrétaire au Trésor, Timothy Geithner, juge que S&P a émis un "jugement terriblement mal avisé".  Dans un entretien à la châine CNBC diffusé ce lundi et enregistré la veille, il jugeait par ailleurs que les gouvernements et les banques centrales avaient "largement de la marge" pour répondre à la crise.

Barack Obama devrait prendre la parole à propos de la dégradation de la note de son pays ce lundi vers 19h (heure française). Ses concurrentes, Moody' s et Fitch, ont récemment confirmé le "triple A" de la première économie mondiale.

16h45: le bain de sang démarre avec Fannie et Freddie
Voilà une heure que la conférence de S&P s'est achevée et l'agence commence déjà à dégrader la notation de titres directement « affectés » par la perte du « triple A » par la première économie mondiale. L'agence ne démarre pas, comme attendu, par des collectivités mais par les organismes parapublics de refinancement hypothécaire Fannie Mae et Freddie Mac dont la note est ramenée de « AAA » à « AA+». Une décision reflétant la « dépendance directe » des deux organismes envers l'Etat fédéral qui les a sauvés à la rentrée 2008. D'après Reuters Insider, qui a interrogé David Beers, des entreprises sont aussi en ligne de mire. Des analystes craignent notamment pour la notation des établissements financiers de Wall Street. Accrochez vos ceintures !
 

15h45 : fin du "call" et promesse d'une annonce imminente sur les "munibonds"
David Beers prévient que d'ici à quelques heures, S&P pourrait faire une annonce sur les "munibonds", les obligations émises par les collectivités américaines, dont la note pourrait à leur tour être dégradée. Bigre ! De quoi, inquiéter un peu plus le marché à l'heure où des villes et des comptés se déclarent en faillite et que des Etats fédérés peinent à boucler leur budget alors qu'ils sont soumis par la constitution à la règle d'or.

15h30 : ne pas dramatiser la perte du "triple A"
AA+ constitue une note élevée, affirme John Chambers, qui concède toutefois que "symboliquement, la perte (du AAA) est importante, bien sûr". "Nous sommes très fiers de notre précédents. Jamais les pays auxquels nous avons attribués la note A, AA ou "triple A" n'ont fait défaut", souligne l'analyste. Celui-ci précise que la note souveraine de la Grèce n'a jamais dépassé la note A. Au moment de son sauvetage à 110 milliards de dollars en 2010, elle s'inscrivait à BB+ d'après des données Bloomberg.

15h25 : vive la France !
John Chambers revient sur la stabilité du "triple A" de la France. L'analyste salue la réforme des retraites "intelligente à biens des égards". "Le gouvernement n'a pas cédé à la pression de la rue", se félicite le responsable de S&P. David Beers applaudit pour sa part la chasse aux niches fiscales "et à d'autres types de concessions". En substance, les deux responsables affirment que le gouvernement parvient à imposer ses réformes.

15h15 : le débat fiscal trop radical pour un retour au AAA
David Beers prévient que compte tenu de la "polarisation" du débat fiscal au Capitole - où les démocrates veulent annuler les baisses d'impôts votées sous George W. Bush pendant que les républicains s'opposent à toute hausse de la pression fiscale - l'endettement des Etats-Unis promet de rester élevé et que le retour au "triple A" est dans ce contexte compromis.

15h10 : Une augmentation de la dette dans tous les scénarios
David Beers estime que le ratio "général" de dette sur produit intérieur brut des Etats-Unis, qui inclut la dette des collectivités mais exclut les actifs financiers liquides, s'inscrira à 74% puis à 79% en 2015 pour bondir à 81% à l'horizon 2021, où la dette s'inscrira à 20.000 milliards de dollars. Il s'agit du scénario pessimiste. Dans le "scénario le plus optimiste", précise l'analyste, le ratio de dette générale des Etats-Unis passera à 78% en 2020.

14h55 : politique et trajectoire budgétaire sont mises en cause
John Chambers, le président de la commission de la dette souveraine de Standard & Poor's réitère que le climat politique à Washington a beaucoup pesé dans la décision de l'agence. Le responsable qualifie de "débâcle" le débat sur le relèvement du plafond de la dette fédérale. Chambers craint l'incapacité de Washington à "prendre des mesures".

14h49 : la "conf call" en retard mais S&P souffle le chaud et le froid
Dans un entretien publié par Reuters Insiders, le directeur de la notation souveraine de Standard & Poor's, David Beers, a indiqué que la perspective attachée à la note souveraine des Etats-Unis pourrait être relevée à stable si l'accord bipartisan sur la réduction du déficit américain est mis en oeuvre et si les baisses d'impôts de l'ère Bush sont supprimées. Le responsable a réaffirmé qu'il y avait au moins une chance sur trois que la note souveraine américaine soit de nouveau abaissée dans les six à vingt-quatre mois à venir.