Les émeutes embrasent le Royaume-Uni

Par latribune.fr  |   |  932  mots
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Les violences continuent à Londres après trois nuits d'affrontements entre la police et des habitants de plusieurs quartiers. D'autres grandes villes d'Angleterre sont désormais en proie à des troubles similaires. Le premier ministre David Cameron a annoncé ce mardi le déploiement de plus de 16.000 policiers. La France incite ses ressortissants à la prudence.

Heurts avec la police anti-émeutes, voitures brûlées, vitrines brisées, pillages... Les violents affrontements qui touchent la capitale britannique depuis ce week-end s'étendent et atteignent désormais Liverpool, Birmingham, Nottingham et Bristol.

Un jeune homme est décédé, ce mardi, après avoir été blessé par balles dans la nuit à Croydon (sud de Londres) rapporte la police. Au total, le bilan s'élève pour l'instant à 35 blessés.

Si ces émeutes concernaient au départ des quartiers périphériques et plutôt défavorisés, d'Enfield au nord de Londres à Croydon au sud, les foyers de violences se sont multipliés pour toucher toute la métrople et sa banlieue.

Les zones touristiques comme Notting Hill et Camden ne sont pas épargnées. Paris conseille à ses ressortissants de "se tenir à l'écart des attroupements" et de "faire preuve d'une extrême prudence lors des sorties nocturnes". Le ministère des affaires étrangères rappelle aussi, dans son message publié ce mardi, le "niveau élevé de la menace terroriste" et incite à la vigilance dans les transports en commun. " Dans le contexte des efforts accrus de la police britannique pour lutter contre les agressions à l'arme blanche et les violences sur la voie publique, notamment chez les jeunes, il est interdit aux voyageurs de porter ou transporter une arme blanche", indique enfin le Quai d'Orsay. Rome a diffusé dans la journée un message similaire.

16.000 policiers mobilisés

Face à cette flambée de violence inédite depuis les années 1980 en Grande-Bretagne, le premier ministre David Cameron a décidé d'écourter ses vacances. "Nous ferons tout ce qu'il faut pour rétablir l'ordre dans les rues de Londres", a-t-il déclaré ce mardi. Quelque 16.000 policiers devraient être déployés dès ce soir a aussi annoncé le chef du gouvernement qui a multiplié les réunions d'urgence. Une session extraordinaire du Parlement sera organisée jeudi.

Quelques 6.000 policiers sont déjà déployés pour tenter de contenir ces émeutes et des véhicules blindés circulent dans les rues de la capitale. Plus de 650 personnes ont été arrêtées dans le pays dont 525 personnes à Londres et 138 à Birmingham. Parmi eux, certains sont très jeunes - un enfant de 11 ans aurait même été interpellé. Des photos de suspects recherchés ont, en outre, été mises en ligne sur l'hébergeur Flickr par Scotland Yard qui demande à quiconque aurait des information de composer un numéro indiqué sur son site Internet.

Les troubles ont éclaté samedi soir dans le quartier de Tottenham après une manifestation. Celle-ci faisait suite à la mort d'un homme de 29 ans, Mark Duggan, tué jeudi lors d'un échange de tirs avec la police qui est soupçonnée dans certains journaux d'avoir ouvert le feu en premier. Selon les premiers résultats de l'enquête menée par une commission indépendante, "il n'y a pas de preuve" que Mark Duggan ait, le premier, tiré des coups de feu contre les policiers.

Twitter et BlackBerry dans le viseur

Depuis ces événements, les téléphones BlackBerry sont dans la ligne de mire des autorités. Leur messagerie BBM permettant des échanges discrets et gratuits sert de moyen de communication entre émeutiers. Le fabricant canadien Research in Motion a indiqué sur Twitter qu'il aidera les enquêteurs britanniques. Malgré cela, David Lammy, membre du gouvernement chargé de la propriété intellectuelle, a tout de même demandé une suspension du réseau pour ces téléphones. Twitter, justement, fera aussi l'objet d'investigations pour des appels à la violence qui y ont été lancés.

Mais le réseau social sert aussi à des rassemblements plus pacifistes. Des participants au mouvement "riot clean up " multiplient ainsi les messages sur  twitter. Après les nuits d'émeutes, ces Londoniens ont décidé de nettoyer les rues de leur ville jonchées de débris.

Alors que le maire de la ville, Boris Johnson, saluait cette initiative y voyant le "véritable esprit de Londres" lors d'une sortie à Clapham Junction, il a été pris a parti par des habitants. Ces derniers jugent avoir été mal protégés par les forces de l'ordre.

Un coût de dizaines de millions de livres prévu

Par ailleurs, les dégâts risquent de coûter cher. L'Association des assureurs britanniques a évalué, ce mardi, le préjudice à "des dizaines de millions de livres". Cependant, "il est trop tôt pour avoir avoir une idée précise du coût total, surtout celui de la fermeture des commerces, mais les assureurs travaillent dur pour s'occuper des plaintes qui parviennent et qui nous donneront une idée du niveau et du coût des dégâts", a dit Nick Starling, responsable de l'assurance et de la santé de l'ABI, dans un communiqué.

Enfin, signe de la crainte que suscite ces événements, le match amical de football entre l'Angleterre et le Pays-Bas qui devait avoir lieu mercredi au stade de Wembley est annulé. Déjà, plusieurs rencontres de la Coupe de la Ligue ont été reportées. Les équipes de Crystal Palace, Charlton et West Ham resteront au vestaire. Des effets indirects qui ont poussé des stars du football anglais à s'exprimer. "Ces émeutes sont de la folie. (...) C'est une honte pour notre pays. Arrêtez s'il vous plaît." a ainsi imploré sur twitter le joueur de Manchester Wayne Rooney.

 


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