La longue marche vers l'internationalisation du yuan s'accélère

Par Eric Chalmet  |   |  486  mots
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Pressenti pour devenir le Premier ministre chinois en 2013, Li Keqiang a annoncé des mesures pour renforcer le rôle de Hong Kong en tant que centre financier offshore pour le yuan, ce qui revient à l'internationaliser davantage. Objectifs : rendre la Chine moins dépendante du billet vert et dynamiser une place boursière en perte de vitesse.

Une étape majeure a été franchie ce mercredi dans la longue marche vers l'internationalisation du yuan. La plus importante émission obligataire en monnaie chinoise en dehors du continent a été lancée à Hong Kong. L'opération portant sur 3,1 milliards de dollars a eu lieu alors que le vice-Premier ministre chinois, Li Keqiang, était présent sur l'île pour annoncer une série de mesures visant à renforcer le statut de Hong Kong en tant que centre financier offshore pour le yuan.

Les dépôts en yuan explosent à Hong Kong

« Emettre des bons du Trésor en renminbi à Hong Kong représente un engagement institutionnel de long terme pour le gouvernement central », a prévenu Li Keqiang, donné favori pour remplacer Wen Jiabao au poste de Premier ministre chinois en 2013. Au-delà du marché obligataire, la stratégie de Pékin pour internationaliser le yuan sera multiforme, a souligné le responsable : développement des services financiers en yuans à Hong Kong, autorisation accordée aux investisseurs étrangers d'acheter des titres cotés sur le continent dans une limite initiale de 20 milliards de yuans (2,18 millions d'euros), expansion des systèmes de règlement livraison en yuans... Le gouvernement entend répondre à une demande pressante des investisseurs. A la fin juin, les dépôts en monnaie chinoise s'élevaient à 554 milliards de yuans (60,35 milliards d'euros), soit six fois plus qu'un an auparavant.

New York détrône Hong Kong

Avec ces mesures, Pékin vise plusieurs objectifs : conférer à sa monnaie un rôle international plus adapté à la taille de son économie, rendre la Chine moins dépendante du dollar. Enfin, revigorer l'économie hongkongaise très dépendante du secteur financier, et qui pour la première fois depuis 2009 s'est contractée au cours du deuxième trimestre. En 2011, Hong Kong a perdu son rang de première place d'accueil des introductions en Bourse, au profit du New York Stock Exchange. Depuis le début de l'année, 15 milliards de dollars ont été levés sur l'île à l'occasion «d'IPOs » contre 36 milliards de dollars aux Etats-Unis. Mais la place de Hong Kong pourrait regagner de son lustre d'ici à la fin de l'année, de nombreuses entrées en Bourse y étant programmées ou attendues (New China Life Insurance, Citic Securities...) pour une levée totale estimée à une quinzaine de milliards de dollars.

Du yuan au menu de Joe Biden

Pendant que Li Keqiang exposait ses projets à Hong Kong, le vice-président américain, Joe Biden entamait une visite de cinq jours dans l'ex-empire du Milieu. Au menu de ses discussions, le yuan, bien sûr. Washington aimerait qu'il s'apprécie plus rapidement, en dépit de sa hausse de 6,8% enregistrée face au billet vert depuis juin 2010. Pékin n'entend pas se faire dicter sa politique de change mais a conscience qu'une hausse de la monnaie chinoise contribuera à lutter contre son ennemi public numéro un : l'inflation.