Le procureur demande l'abandon des charges contre DSK

Par latribune.fr avec AFP  |   |  508  mots
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Les charges pesant contre Dominique Strauss-Kahn vont être abandonnées après la demande faite en ce sens, ce lundi, par Cyrus Vance, le procureur général de Manhattan.

Dominique Strauss-Kahn va bientôt être blanchi par la justice américaine. Les charges pesant contre l'ancien directeur du Fonds monétaire international (FMI) devraient être abandonnées, certainement dès mardi, par le juge Michael Obus. En charge de l'enquête, le procureur de Manhattan, Cyrus Vance, a en effet demandé ce lundi un non-lieu, notamment en raison des doutes sur la crédibilité de la victime présumée. Libre, DSK pourrait alors quitter les Etats-Unis.

"Le procureur de Manhattan Cyrus Vance refuse le droit à la justice d'une femme victime d'un viol", a immédiatement réagi Kenneth Thompson, l'avocat de Nafissatou Diallo, à l'issue d'un très rapide entretien avec le procureur. "Il n'a pas seulement tourné le dos à une victime innocente mais aussi aux preuves physiques et médicales", a-t-il poursuivi. "Si le procureur de Manhattan, qui est élu pour protéger nos mères, nos filles, nos s?urs, nos femmes et nos proches ne prend pas leur défense quand elles sont violées ou victimes d'agressions sexuelles, alors qui va le faire?"

Le procureur, à l'origine de la spectaculaire arrestation de DSK le 14 mai, avait, un mois et demi après, émis des doutes sur la crédibilité de son accusatrice, et sa capacité à convaincre un jury. Il avait expliqué qu'elle avait menti à plusieurs reprises aux enquêteurs sur son passé et sur ce qui s'était passé tout de suite après les faits présumés. Elle avait également longtemps refusé d'admettre une conversation téléphonique -enregistrée- où elle aurait évoqué le 15 mai avec un ami emprisonné la fortune de Dominique Strauss-Kahn.

Dans une étonnante interview télévisée fin juillet, la jeune femme, illettrée, avait elle même reconnu des erreurs. Mais elle avait assuré qu'elle disait la vérité, en racontant les larmes aux yeux et avec force détails l'agression dont elle aurait été victime le 14 mai. Une condamnation au pénal ne peut être obtenue à New York que par un jury unanime, convaincu "au delà du doute raisonnable".

Le formidable bras de fer judiciaire, qui oppose depuis trois mois l'ancien patron du FMI et une femme de chambre guinéenne du Bronx, pourrait ainsi trouver son épilogue sans que l'on sache jamais ce qui s'est passé dans la suite 2806 du Sofitel. Nafissatou Diallo accuse DSK de l'avoir agressée et contrainte à une fellation alors qu'elle venait faire le ménage en croyant la chambre vide. DSK, auquel cette affaire a coûté son poste de directeur général du FMI, a plaidé non coupable le 6 juin. Ses avocats ont parlé d'une relation consentie, et décrit une femme uniquement intéressée par l'argent.

La fin de la procédure pénale ne met cependant pas un point final à l'affaire aux Etats-Unis. Les avocats de Nafissatou Diallo ont en effet lancé au début du mois une procédure civile devant un tribunal du Bronx pour obtenir des dommages et intérêts après l'agression "violente et sadique" contre leur cliente.