Trop de rigueur budgétaire est "contreproductive" avertit Goldman Sachs

Par Frank Paul Weber  |   |  463  mots
"Le plan actuel d'ajustement qui consiste dans des économies totalisant 3% du PIB en Grèce , dépasse la vitesse maximum de rigueur budgétaire" expliquent les économistes de Goldman Sachs
Plutôt des baisses de dépenses que des hausses d'impôts et pas plus que 2 % du PIB d'économies préconise la banque d'affaires américaine.

Trop vite et mal : ce sont les deux écueils que les exécutifs doivent éviter quand ils entreprennent de réduire leur déficit public et leur dette. C'est ce qu'expliquent quatre économistes de la banque d'affaires américaine Goldman Sachs dans une étude détaillée consacrée à la rigueur budgétaire poursuivie des deux côtés de l'Atlantique.

Ils estiment que "la vitesse maximum" de réduction annuelle des déficits ne doit pas dépasser un montant d'économies supérieur, en moyenne, à 2 % du Produit intérieur brut (PIB) du pays considéré. "C'est le point à partir duquel tout effort supplémentaire [de rigueur, NDLR] mine tout progrès et devrait donc être évité" résument-ils. En somme aller au-delà de 2 % du PIB d'économies, par an, pour réduire son déficit est "contreproductif" : "l'impact sur la croissance réduit les recettes fiscales et neutralise ainsi une partie de l'effort de rigueur".

On en est pas encore là en France avec les mesures détaillées mercredi soir par le Premier Ministre François Fillon. Mais la "vitesse maximale" préconisée par les économistes de Goldman Sachs est par contre largement dépassée pour les pays du sud de la zone euro. "Les plans actuels d'ajustement qui consistent dans des économies totalisant respectivement 3% du PIB en Grèce et 5,7 % au Portugal en 2011, dépassent la vitesse maximum de rigueur budgétaire" expliquent-ils.

De fait  la Grèce s'enfonce dans la récession : après un recul de 2,3 % en 2009, le PIB grec se contracte chaque année de 4,5 % depuis 2010 et un maintien en récession en 2012 (la quatrième année consécutive) n'est pas exclu. Du coup les recettes fiscales sont à la peine : elles ont baissé de 1,9 milliard d'euros pour les sept premiers mois de cette année alors que les dépenses progressaient dans le même temps de 2,7 milliards ...

Mais non seulement l'ampleur de l'effort de rigueur est déterminante selon Goldman Sachs, mais surtout la façon de réaliser l'effort. L'assainissement des finances publiques opéré par une coupe dans les dépenses a un impact moindre sur la croissance économique qu'une rigueur de même ampleur mise en œuvre en augmentant les recettes fiscales, c'est-à-dire en augmentant les impôts.

Si l'Etat se serre la ceinture à hauteur de 1 % de son PIB via une réduction de son train de vie, cela réduit d'environ 0,3 point sa croissance en l'espace de deux ans. S'il collecte en revanche le même montant (1 % du PIB) via de nouveaux impôts, il pénalise la croissance de 1,4 point...

A écouter Goldman Sachs, le gouvernement français ferait donc le mauvais choix, en privilégiant les hausses d'impôts sur la baisse des dépenses