L'austérité Fillon ? "Bien mais peut mieux faire" juge l'étranger

Par Frank Paul Weber  |   |  474  mots
Lors d'une conférence de presse à Matignon, François Fillon a annoncé 12 milliards d'euros d'économies et de recettes supplémentaires pour 2011 et 2012. Parmi les mesures annoncées, une contribution "exceptionnelle" de 3% sur les plus hauts revenus (revenu fiscal de 500.000 euros et plus), qui sera en vigueur jusqu'à ce que le déficit soit ramené à 3% du produit intérieur brut.
A l'étranger, les économistes accueillent favorablement la révision à un niveau "réaliste" des prévisions de croissance. Mais insuffisant pour éviter à la France de perdre son triple A. Florilège.

Le plan d'économies annoncé par François Fillon ? "Bien mais peut mieux faire" commentent en substance les économistes à l'étranger.

Sous le titre "la France en rajoute - mais pas assez", l'économiste de la Commerzbank, Jutta Kayser-Tilosen, estime que les mesures annoncées mercredi soir par le Premier ministre français "devraient permettre d'abaisser un peu plus nettement le niveau de déficit. Mais les mesures ne vont pas suffire pour atteindre l'objectif de déficit de 4,5 % du PIB en 2012 car la croissance prévue pour ce faire de 1,75 % est selon nous trop optimiste (nous prévoyons 1,5 %)".

Et pour 2013 et un déficit de 3 % du PIB visé par Paris, "la France doit procéder à d'autres coupes budgétaires" rappelle l'économiste allemande.

Elle note toutefois en conclusion "qu'à travers des réformes ciblées le pays a le plus amélioré, parmi tous les pays industrialisé, ces cinq dernières années sa position comme site d'investissement, sur la base de l'index de la Banque Mondiale (Doing Business)".

Pour François Cabau, économiste chez Barclays Capital à Londres, "la première impression est positive". Il apprécie notamment que Paris ait révisé à la baisse ses prévisions de croissance "de façon plus réaliste" (1,75 % en 2011 et 2012 contre 2 et 2,25 % prévus précédemment).

Il juge aussi que Paris peut mieux faire : "avec plus de 500 niches fiscales estimées par le gouvernement comme coûtant un manque à gagner d'environ 75 milliards d'euros par an et 45 milliards par ailleurs sur le versant social, il est clair pour nous que la France a une marge de man?uvre pour remplir ses objectifs budgétaires".

"Nous considérons que c'est seulement une question de volonté politique", tiraillée entre la nécessité de "rassurer les marchés financiers que le plan d'assainissement budgétaire est réaliste" et  "ne pas serrer trop la ceinture à quelques mois de la prochaine élection présidentielle"...

Jennifer McKeown, économiste à Capital Economics à Londres, est, elle, beaucoup plus pessimiste.
"Les dernières mesures d'austérité françaises pourraient fournir quelques assurances aux marchés mais il est improbable qu'elles éviteront à la France de perdre sa note AAA au bout du compte" écrit l'analyste. Elle aussi considère une projection de croissance de 1,75 % pour 2012 comme "trop optimiste" : nous nous attendons à seulement 0,5 % en 2012". Elle regrette aussi l'absence de détails sur comment Paris entend réduire à 3% son déficit en 2013.

"L'un dans l'autre, associé à une opposition publique probable à ces mesures annoncées, la note de la France reste sur un terrain mouvant. Et peut-être que le plus grand risque pour les finances publiques françaises provient -il du dehors : les dettes italienne et espagnole représentant 130 % du PIB français, l'Hexagone peut difficilement se permettre de renflouer l'un ou l'autre"...conclut l'économiste londonienne.

Pas de quoi se reposer sur ses lauriers à Matignon.