Sauvetage grec : les pourparlers sont suspendus !

Par latribune.fr  |   |  899  mots
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Les autorités grecques d'un côté, et les inspecteurs de l'Union européenne, le FMI et la BCE de l'autre sont en désaccord sur l'ampleur de retard pris par Athènes sur la réduction de son déficit budgétaire.

Les autorités grecques et les inspecteurs de l'Union européenne, du FMI et de la BCE ont suspendu leurs pourparlers pour dix jours, a-t-on appris vendredi de source autorisée.

Les deux parties sont en désaccord sur les raisons et l'ampleur du retard pris par Athènes dans la réduction de son déficit budgétaire.

Jeudi, la Grèce et ses créanciers internationaux ont annoncé que l'objectif de réduction du déficit ne serait pas atteint cette année.

La pause des discussions, qui révèle des tensions dans le processus de mise en place du deuxième plan d'aide à la Grèce, était imprévue. Le ministre des Finances Evangelos Venizelos a démenti que les pourparlers aient été suspendus et indiqué qu'ils reprendraient le 14 septembre, le temps d'étudier les données économiques au niveau technique.

Le Fonds monétaire international avait initialement dit vouloir conclure le processus le 5 septembre au plus tard. "Il a été décidé hier soir de conclure le premier cycle des discussions et un second cycle débutera dans une dizaine de jours le 14 septembre", a dit le ministre grec lors d'une conférence de presse. Il a ajouté que la récession qui toucherait la Grèce serait de l'ordre de 5% cette année, ce qui affecterait les objectifs du gouvernement.

RETOUR PRÉVU MI-SEPTEMBRE

La mission conjointe a par la suite annoncé qu'elle avait temporairement quitté la Grèce afin de donner à Athènes le temps d'achever ses travaux techniques sur le budget 2012 et les réformes.

"La mission conjointe CE/BCE/FMI a discuté des récents développements économiques et étudié les actions entreprises dans le contexte de la cinquième révision du programme économique grec", indique-t-elle dans un communiqué.

"La mission a bien progressé, mais a quitté Athènes de façon temporaire afin de permettre aux autorités de conclure, entre autres, les travaux techniques liés au budget 2012 et aux réformes structurelles en faveur de la croissance."

"La mission compte revenir à Athènes à la mi-septembre, date à laquelle nous pensons que les autorités grecques auront achevé ces travaux techniques, afin d'y poursuivre les discussions sur les mesures nécessaires à la conclusion du processus."

A défaut d'accord sur le deuxième plan de sauvetage grec, le pays risque de se trouver en situation de défaut sur sa dette.

Aucun titre obligataire du pays n'arrive à échéance avant le mois de mars 2012, ce qui signifie qu'un risque de défaut n'est pas à craindre dans l'immédiat, même si Athènes n'obtient pas la tranche de huit milliards d'euros prévue ce mois-ci.

La Grèce continue cependant de dégager d'importants déficits et les liquidités risquent de lui faire défaut.

Selon un responsable proche de la mission conjointe, le déficit budgétaire 2011 sera d'au moins 8,6% du produit intérieur brut, alors que l'objectif fixé est de 7,6%.

Un haut fonctionnaire du gouvernement grec a de son côté dit à Reuters qu'Athènes estimait le déficit à 8,1% ou 8,2% du PIB et l'imputait à une récession plus marquée que prévu.

Or, selon lui, la "troïka" estime que seul un quart de la déviation budgétaire est dû à la récession.

Dans le pays, c'est le désarroi. Faute de pouvoir remplir les caisses de l'État par la collecte d'impôt ou des privatisations qui tardent, le gouvernement grec, pressé par les bailleurs de fond du pays a augmenté mercredi la TVA de 10 % dans la restauration, sur les boissons, les plats préparés, les sandwichs et les gâteaux. Une mesure d'urgence, qui sera abrogée en janvier lorsque la nouvelle loi fiscale sera appliquée, mais qui a provoqué l'ire de la population.

L'Union des restaurateurs de Grèce a annoncé qu'elle n'augmenterait pas ses tarifs pour ne pas avoir à reverser cette TVA au fisc, « nos magasins sont vides, les gens n'y entrent plus, explique Yiannis Tsiakos son président. On a déjà absorbé les deux précédentes hausses de la TVA. On n'en peut plus, on va tous fermer ». 15.000 entreprises et plus de 45.000 employés sont concernés.

Par ailleurs, la ministre des Finances finlandaise a rappelé que son pays exigerait des garanties financières de la part de la Grèce en échange du prêt qu'elle a consentie à Athènes le 16 août. Vivement critiqué au sein de l'Union européenne, notamment par l'Allemagne, cet accord bilatéral pourrait être rediscuté. "Des négociations ont lieu chaque jour et nous sommes attachés à trouver une solution qui satisfasse tous les pays de la zone euro", a indiqué ce vendredi Jutta Urpilainen, la ministre finlandaise. Celle-ci doit rencontrer ses homologues allemand et néerlandais mardi à Berlin .

L'UE VALIDE L'AIDE AU PORTUGAL ET A L'IRLANDE

Si les discussions semblent au point mort pour la Grèce, le Portugal et l'Irlande, elles, sont parvenues à rassurer suffisament deux des parties de la "Troïka". Les deux pays recevront respectivement 11,5 milliards et 7,5 milliards d'euros au titre du soutien financière qui leur avait été promis. Le Conseil de l'Union européenne vient en effet de valider, ce vendredi, le versement des prochaines tranches d'aide après qu'elles ont reçu le feu vert de la BCE. La Banque centrale européenne a jugé leurs efforts budgétaires positifs.

 

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