La voix du fédéralisme s'amplifie en Europe

Par Yann-Antony Noghès, à Bruxelles  |   |  444  mots
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Face à la crise de la dette souveraine qui ne cesse de s'aggraver, de nombreux hauts responsables européens plaident en faveur d'une solution commune synthétisée dans un fédéralisme qui reste encore à définir.

Pour quitter la zone de turbulences, les pilotes de la zone euro ont plusieurs possibilités. Ils peuvent soit faire le tour pour contourner le nuage, ce qu'ils ont tenté de faire depuis près de deux ans sans succès. Soit changer d'altitude vers le haut ou vers le bas, une décision qui ne doit pas être prise à la légère. Confrontés à ce choix, de plus en plus de responsables européens optent désormais pour la voie fédérale. En premier lieu, il conviendrait de n'avoir plus qu'un seul pilote aux commandes. " Serait-ce trop audacieux, d'un point de vue économique, avec un marché unique, une monnaie unique et une banque centrale unique, d'envisager un ministre des Finances de l'Union ? ", demandait en juin Jean-Claude Trichet, le président de la Banque centrale européenne.

Ensuite, pour Guy Verhofstadt, le patron des libéraux au Parlement européen, "l'Eurozone doit reposer sur un gouvernement économique fort doté de structures et de mécanismes fédéraux en matière fiscale et à même d'émettre des obligations communes", considère l'ancien Premier ministre belge. Et contre toute attente, ce sont désormais les Allemands, de tous bords, qui semblent le plus motivés pour tirer sur le manche et prendre de l'altitude. À l'image de l'ancien chancelier Gerhard Schröder qui plaide en faveur d'un fédéralisme budgétaire : "Dans la situation actuelle, il nous faut lutter contre les tendances à la renationalisation pour ériger un véritable gouvernement économique au sein de la zone euro, avec la création d'euro-obligations ". Et ce n'est pas tout : les transferts de souveraineté nationale " doivent s'accompagner de nouveaux pouvoirs pour le Parlement européen et d'une coordination accrue des politiques économiques ".

"Big bang" européen

Mais la palme de l'impatience revient sans doute au président roumain Traian Basescu, pour qui les " États-Unis d'Europe doivent être créés d'ici deux ou trois ans car le processus de mondialisation nous montre combien nous sommes petits face aux marchés ". Mais si l'Europe veut enfin aller à la même allure que les marchés, elle doit agir sans attendre d'éventuels aménagements institutionnels.

Le Français Joseph Daul, l'homme fort du Parlement européen, plaide pour un " Big bang " européen. Tout de suite. Il demande aux dirigeants européens d'impressionner les marchés et de montrer que l'Europe peut avancer comme un seul homme et assainir les finances publiques en décidant, le même jour et tous ensemble, d'augmenter l'âge de retraite et le temps de travail hebdomadaire, ainsi que d'harmoniser la fiscalité. Un pari difficile mais impossible n'est plus européen.