L'aide aux plus démunis divise les Etats européens

Par Marina Torre  |   |  520  mots
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La décision sur les aides européenne aux plus démunis, qui devait être prise ce mardi, à été repoussée à octobre, faute d'accord entre les pays membres. Les associations françaises maintiennent leur cri d'alarme.

Une "crise humanitaire" en Europe. Voilà ce que craignaient quatre associations en France à la veille d'une discussion des ministres de l'Agriculture à propos du programme européen d'aide au plus démunis (PEAD). Le maintien d'une réduction drastique des subventions, passant de 500 millions à 113 millions d'euros en 2012, devait y être discutée. La décision a été reportée au mois d'octobre, à la demande du ministre français de l'Agriculture.

Ce dispositif reposait initialement sur une redistribution des surplus agricoles européens. En l'absence de stocks disponibles, la Commission européenne finance certains produits de base depuis quelques années. Or, l'Allemagne, la Grande-Bretagne, la Suède, le Danemark, les Pays-Bas et la République tchèque s'opposent à cette pratique, arguant qu'il s'agit là d'une politique "sociale" qui relève des Etats et non de la politique agricole commune. Avant l'été, la Cour européenne de justice leur a donné raison.

La France plaide pour un "fonds spécial"

Avant la réunion de ce mardi, le ministre français de l'Agriculture, Bruno Le Maire, a plaidé pour la création d'un fonds spécial afin de garantir l'enveloppe d'aide allouée aux associations caritatives. Il a aussi demandé un délai supplémentaire afin que les Etats membres se mettent d'accord pour réorganiser les subventions en 2012 et 2013.

"Personne ne peut comprendre aujourd'hui qu'en pleine période de crise, alors que vous avez des millions de personnes touchées par le chômage, des millions de personnes en France qui sont touchées par la pauvreté, l'Europe dise "on arrête l'aide aux plus démunis"", a expliqué le ministre français. Et le gouvernement tient visiblement à se faire le héraut de l'aide aux plus pauvres. L'Elysée a en effet appuyé son ministre dans un communiqué indiquant qu'il était de la "responsabilité" de l'Europe de "garantir les financements qui permettent aux associations caritatives" de remplir leur mission auprès de 18 millions de personnes.

130 millions de repas menacés en France dès le premier trimestre 2012

Ce report est une "mauvaise nouvelle" estime Didier Piard, directeur de l'action sociale à la Croix-Rouge française. "Dès février ou mars 2012, nous ne pourrons plus distribuer les repas directement financés par ce programme", indique-t-il.

Sur les 78 millions d'euros attendus en 2012, les quatre associations qui ont lancé leur appel lundi ne recevraient que 15,9 millions d'euros. Cela représente en tout 130 millions de repas dont 10 millions pour la Croix-Rouge qui cherche à développer d'autres modes de financement comme la "ramasse" de produits auprès de la grande distribution ou bien la collecte auprès des industriels. "Certaines associations perdont  jusqu'à 55% de leurs fonds", prévient Didier Piard.

Les Restos du Coeur craignent de ne plus être en mesure de fournir 21 millions de repas à 1 euro chacun faute de financement. "Nous ne pouvons pas sans cesse faire appelle à la générosité des Français", regrette une porte-parole de l'association créé en 1986 par Coluche.

Une enveloppe de 2,5 milliards d'euros a par ailleurs été prévue dans les propositions de la Commission pour le budget 2013-2020 et elle ne demande que l'approbation des Vingt-Sept.