Medvedev démissionne son ministre des Finances

Par François Roche  |   |  335  mots
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Alexei Kudrin est la première victime collatérale du retour de Poutine.

Alexei Kudrin fait les frais de sa déclaration malheureuse concernant son refus de travailler dans un gouvernement dirigé par Dmitri Medvedev, invoquant des divergences de vues sur la gestion de la politique économique. Le président russe a aussitôt exigé sa démission, qu'il n'a pu refuser, faisant de lui la première victime collatérale et involontaire du retour programmé de Vladimir Poutine au Kremlin (lire La Tribune du 26 septembre). Cela confirme en tout cas que l'effacement de Dmitri Medvedev ne s'est pas passé le mieux du monde et cela donne une petite idée de l'animosité qui règne désormais entre les équipes du président et celles du Premier ministre.

Alexei Kudrin, 50 ans, était un homme clé du gouvernement. Né en Lettonie, diplômé de l'université de sciences économiques de Leningrad, il a débuté sa carrière aux côtés de Vladimir Poutine, à la mairie de Saint-Pétersbourg, au début des années 1990. Kudrin fut même maire adjoint de la capitale du Nord entre 1993 et 1996, aux côtés de l'actuel Premier ministre, en charge avec lui du développement économique de la ville. En 1996, il suit Poutine à l'administration du Kremlin avant d'être nommé vice-ministre des Finances en 1997, un an avant la grande crise de 1998, et ministre à part entière en 2000, lors de l'accession au pouvoir de Vladimir Poutine.

Kudrin s'est rendu célèbre en Russie pour sa manière assez brutale d'asséner un certain nombre de vérités. C'est lui qui, lorsque l'argent du pétrole s'est mis à couler à flot dans les caisses de l'État, a exigé la constitution de fonds de réserve afin de « geler » une partie de ces excédents, leur épargnant ainsi les appétits des gouverneurs de régions. C'est grâce à ces fonds de réserve que la Russie a pu éviter le pire durant la crise financière de 2008-2009. En toute logique, il ne devrait rester très longtemps sans emploi.