Barroso soutient Athènes et la taxe Tobin

Par latribune.fr  |   |  662  mots
Copyright Reuters
"La Grèce restera dans l'Union", a martelé le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso ce mercredi, à la veille du retour de ses créanciers dans le pays. Il a aussi plaidé pour la création d'une taxe sur les transactions financières ainsi que d'euro-obligations.

Climat tendu pour ce discours sur "l'état de l'Union". Devant les parlementaires européens, José Manuel Barroso, a passé en revu, ce mercredi les principaux chantiers que doivent mener les Vingt-Sept en pleine crise de la dette.

Dossier le plus chaud : La Grèce. Elle "restera dans l'Union", a-t-il commencé par affirmer. L'hypothèse une sortie d'Athènes de la zone euro n'est plus un tabou alors que le pays risque encore la faillite. Ne déviant pas de sa ligne, il a insisté sur les engagements que doit respecter le pays en contrepartie de l'aide que les Européens seront prêt à fournir. La résolution de cette crise ne serait "pas un sprint mais un marathon" à ses yeux. Il préconise de ce fait d'avancer l'activation du Mécanisme européen de stabilité, qui doit remplacer le Fonds européen de stabilité financière en 2013.

Jeudi, les experts envoyés par son organisation ainsi que par le Fonds Monétaire International, et la Banque centrale européenne doivent retourner à Athènes pour y terminer leur audit. C'est ce qu'a annoncé un porte-parole de la Commission européenne. Ces chargés de mission avaient quitté le pays le 2 septembre en critiquant les retards accumulés par l'Etat sur ses objectifs budgétaires.

Faire payer le secteur financier

Pour faire face au "plus grand défi de l'histoire" de l'UE, le président de la Commission européenne a formulé ses propositions afin de réguler son système financier. Prévoyant de lever 55 milliards d'euros grâce à elle, il s'est fait le héraut de la taxe conçue dans les années 1970 par l'économiste américain James Tobin. La Commission qu'il préside a adopté ce mercredi un texte visant à l'imposer au sein de l'Union européenne.  "Au cours des trois dernières années, les Etats membres ont apporté une aide et fourni des garanties de 4.600 milliards d'euros au secteur financier, il est temps pour le secteur financier d'assurer en retour une contribution à la société", a justifié l'ancien premier ministre portugais.

Le taux retenu n'est pas encore connu mais il pourrait être de 0,1% sur les actions et les obligations et de 0,01% sur les autres types de produits financiers échangés à l'intérieur des frontières de l'Union.

Le débat sur le sujet risque d'être mouvementé. Si la France et l'Allemagne souhaitent cette taxe Tobin, des voix en Grande-Bretagne s'y sont clairement opposées, notamment à la City. La crainte d'une perte de compétitivité face aux autres places boursières constitue la cause principale de ces réticences.

Bruxelles devrait en outre proposer de nouveaux outils de contrôle des agences de notation d'ici la fin de l'année. Leur rôle a été abondamment critiqué pour ses effets sur les marchés.

Deuxième étape : les euro-obligations

Par ailleurs, José Manuel Barroso a aussi plaidé pour la création d'euro-obligations. "Une fois que la zone euro sera complètement équipée des outils nécessaires à l'intégration et à la discipline, l'émission de dette commune apparaîtra comme une étape naturelle et avantageuse pour tous", a-t-il dit.

Présentées comme des "obligations de stabilité", elles doivent être conçues de telle manière qu'elles soient gratifiantes pour ceux qui remplissent leurs objectifs budgétaires et dissuasives pour leurs autres. Selon lui, une intégration économique plus poussée de la zone euro ouvrira rendra possible l'émission de dette souveraine commune.

Question de gouvernance

Le chef de l'organe exécutif des institutions européennes a aussi défendu son pré carré face à la proposition franco-allemande de former un conseil spécial de la zone euro pour les questions économiques qui serait dirigée par Herman Van Rompuy, le président de l'Union européenne. La Commission "est le gouvernement économique de l'Union, pour cela nous n'avons assurément pas besoin de davantage d'institutions", a-t-il lancé, mettant en avant l'indépendance de son institution.