L'Espagne annule une privatisation qui aurait rapporté gros... celle de sa loterie

Par latribune.fr, avec Reuters  |   |  353  mots
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La loterie nationale espagnole devait être partiellement privatisée. Mais Madrid y renonce, justifiant sa décision par des conditions de marché défavorable. Les banques et surtout le contexte électoral auraient aussi joué.

Dans le train des économies engagées par l'Espagne, la vente de la loterie attendra. La Loterias y Apuestas del Estado (LAE) devait être en partie privatisée. La cession de 30% de son capital pouvait rapporter jusqu'à 9 milliards d'euros à l'Etat. Mais, ce jeudi, à la veille de son entrée en Bourse, le gouvernement Zapatero a fait machine arrière. Version officielle du ministère de l'Economie pour justifier ce blocage : la baisse des marchés boursiers aurait empêché d'obtenir le prix escompté. La vente pourrait reprendre quand les conditions de marché s'amélioreront explique le ministère dans un communiqué.

Des banques opposées à l'opération

Pourtant, cette loterie rapporte gros, et pas seulement aux gagnants de ses tirages, parmi les mieux dotés au monde. En 2009, elle a dégagé un bénéfice net de 2,594 milliards d'euros pour un chiffre d'affaires de 9,6 milliards. La privatisation partielle devait constituer la plus grosse introduction en Bourse jamais réalisée en Espagne. Toutefois, des banques auraient fait pression pour retarder sa privatisation partielle et son introduction en Bourse, selon certains analystes interrogés par Reuters. Santander et BBVA considéraient les Loterias comme une concurrente directe à leurs projets de lever des fonds pour renforcer leur capital.

Pressions électorales

Cette décision intervient aussi dans un contexte électoral défavorable pour le parti socialiste au pouvoir. A quelques mois des élections législatives anticipées le Parti populaire (PP) de droite s'est clairement positionné contre les privatisations. Cristobal Montoro, en charge des questions économiques au sein du PP, l'a répété mardi, promettant de "réexaminer" le processus de privatisation en cas de victoire.

Les autres privatisations en cours seront-elles aussi retardées ? La ministre de l'Economie, Elena Salgado, assure que non. La vente de 90,05% de la gestion des aéroports de Madrid et Barcelone, prévue pour fin novembre qui doit rapporter 5,3 milliards, n'est pas remise en cause. En revanche, qu'aucun calendrier n'est arrêté pour la vente de 49% de l'organisme de gestion aéroportuaire Aena. Cette vente dépendra "des conditions du marché"a déjà fait savoir le gouvernement.