Pékin s'oppose fermement au projet de loi américain visant le yuan

Par latribune.fr avec Reuters  |   |  467  mots
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Les autorités chinoises se sont déclarées mardi "résolument" hostiles à une proposition de loi portée par les sénateurs américains qui prévoit d'imposer des taxes aux pays qui sous-évaluent leur devise.

Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères enjoint aux Etats-Unis de ne pas "politiser" les questions monétaires et de ne pas chercher de faux prétexte pour mettre en oeuvre des mesures de protectionnisme qui iraient à l'encontre des règles encadrant le commerce mondial.

"Se servir de l'excuse d'un prétendu 'déséquilibre monétaire' aura pour effet d'aggraver la question des taux de change, adoptant une mesure protectionniste qui enfreint gravement les règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et fausse sérieusement les relations commerciales et économiques sino-américaines", souligne le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. "La Chine exprime son opposition résolue", ajoute Ma Zhaoxu.

Le Sénat des Etats-Unis a voté lundi par 79 voix contre 19 l'inscription à l'ordre du jour cette semaine du Currency Exchange Rate Oversight Reform Act, qui autoriserait l'administration américaine à imposer des taxes compensatoires sur les produits importés de pays sous-évaluant leur monnaie. Ces pratiques, jugent les promoteurs de cette loi, reviennent à subventionner les exportations.


Vers une "guerre commerciale" ?

"Mes collègues, qu'ils soient démocrates ou républicains, conviennent que la politique délibérée de la Chine de dévaluer sa monnaie procure à ses produits un avantage concurrentiel injuste sur les marchés", a déclaré Harry Reid, chef de file de la majorité démocrate au Sénat. "Cela nuit à notre économie, cela détruit des emplois américains", a-t-il ajouté.

Mais la Chine rejette toute accusation de manipulation des cours du yuan/renminbi et affirme que les taux de change ne sont pas responsables du déséquilibre commercial avec les Etats-Unis, supérieur à 250 milliards de dollars par an. "La proposition de loi sur le yuan adopté par le Sénat des Etats-Unis ne réglera pas leurs problèmes, comme l'insuffisance de l'épargne, l'importance du déficit commercial et le haut niveau de chômage; elle pourrait en revanche affecter sérieusement les progrès de la réforme menée en Chine sur le régime de taux de change du yuan et mener à une guerre commerciale que nous ne souhaitons pas voir", a réagi pour sa part la Banque centrale de Chine.

La Maison Blanche n'a pas encore pris parti

Si la proposition de loi devait être adoptée par le Sénat et la Chambre des représentants, Barack Obama se retrouverait confronté à une décision difficile: promulguer la loi et risquer une guerre commerciale avec Pékin, ou y opposer son veto et s'en expliquer devant une opinion publique qui semble favorable à cette proposition. Pour l'heure, la Maison blanche n'a pas pris parti, même si son porte-parole, Jay Carney, a déclaré que le président partageait l'objectif poursuivi par les promoteurs de la loi.