Merkel se dit prête à recapitaliser les banques européennes

Par latribune.fr  |   |  592  mots
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La chancelière allemande a brisé le tabou de la recapitalisation des banques. Elle est également prête à réviser les traités européens concernant l'euro.

La chancelière allemande Angela Merkel a jugé mercredi "justifié" de recapitaliser les banques européennes qui en ont besoin alors que le secteur est fragilisé et s'est dite prête à réviser les traités européens pour aller plus loin dans la gouvernance de l'euro.

"Il est justifié, s'il y a un constat commun que les banques ne sont pas assez capitalisées, que l'on y procède, compte tenu de la situation actuelle sur les marchés financiers" mais pour le faire "il faut bien sûr établir des critères pour cela", a-t-elle souligné devant la presse à Bruxelles, à l'issue d'une visite à la Commission européenne.

"Le gouvernement allemand est prêt, si nécessaire, à réaliser une telle recapitalisation" des banques chez lui, a affirmé la chancelière. "Pour les marchés il est important qu'on aboutisse à des résultats", a-t-elle jugé, soulignant que "le temps presse et donc il faudrait que cela se fasse vite". Elle n'a pas exclu que la question puisse être abordée au prochain sommet des dirigeants européens à Bruxelles, les 17 et 18 octobre.

Selon elle, il est "également important qu'on évite la cacophonie entre les continents américain et européen" sur le sujet, qui doivent s'entendre au lieu de "continuellement se critiquer l'un l'autre".

Les pays européens envisagent un plan coordonné pour renflouer leurs banques, fragilisées par la crise de la dette qui a fait une première victime dans l'Union monétaire avec le groupe franco-belge Dexia, en cours de démantèlement. Asphyxié financièrement car privé des liquidités dont elle a besoin, cette banque est en cours de démantèlement avec le soutien de la France et de la Belgique.

Longtemps taboue, la question de la recapitalisation des banques européennes monte en puissance, obligeant les responsables européens à ne plus se réfugier derrière les résultats des tests de résistance rendus publics en juillet dernier.

Le FMI qui avait été le premier à lancer un appel dans ce sens a fait savoir mercredi à Bruxelles qu'il faudrait injecter entre 100 et 200 milliards d'euros dans le capital de certaines banques européennes. Un chiffre que n'a pas commenté la chancelière allemande.

Pour améliorer le fonctionnement de la zone euro, Mme Merkel s'est dite prête à changer un jour les traités européens, une manière de rassurer les marchés financiers qui demandent plus de fédéralisme au sein de l'Union monétaire.

"Réviser les traités européens ne doit pas être un tabou"

Elle a justifié un éventuel changement de traité par la nécessité de faire en sorte que "l'euro soit un succès" et que la "confiance" dans la monnaie unique soit garantie sur les marchés. Dans l'esprit de la chancelière Merkel, une nouvelle modification du traité pourrait servir à durcir la discipline budgétaire pour s'assurer que tous les Etats pratiquent la rigueur et ne laissent pas filer les déficits publics.

Tous les avocats du fédéralisme ne partagent pas ses vues, certains plaidant plutôt pour une mutualisation des dettes, et donc des risques, via la création d'euro-obligations, ce que Berlin refuse catégoriquement. En attendant, la chancelière Merkel a estimé que la Grèce devait "continuer à faire partie de la zone euro". "On doit lui donner une chance de se rétablir", a-t-elle dit, alors que de nouvelles craintes de défaut de paiement de la Grèce ont fragilisé les marchés en début de semaine.