L'Europe met un coup de pression sur la Slovaquie

Par latribune.fr, avec AFP  |   |  728  mots
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A quelques heures d'un second vote crucial sur le renforcement du fonds de secours financier de la zone euro, l'Union Européenne demande un "accord rapide".

La Slovaquie a la pression... à quelques heures d'un nouveau vote sur l'élargissement du Fonds européen de sauvetage de la zone euro (FESF), l'Union Européenne a demandé  mercredi à la Slovaquie d'approuver rapidement le renforcement du Fonds de soutien de la zone euro pour les pays en difficultés après son rejet la veille au Parlement, en soulignant son importance "cruciale" pour l'Union monétaire.

"Nous appelons tous les partis au Parlement slovaque à dépasser les considérations politiques à court terme et à utiliser la prochaine occasion pour adopter rapidement un nouvel accord", affirment les présidents de l'Union européenne et de la Commission européenne, Herman Van Rompuy et José Manuel Barroso, dans un communiqué conjoint.

"Nous restons confiants sur le fait que les autorités slovaques et le Parlement sont tout à fait conscients du caractère crucial d'avoir un Fonds de soutien européen renforcé pour préserver la stabilité financière de la zone euro", poursuivent-ils, arguant que cette décision serait "dans l'intérêt de tous les pays ayant adopté l'euro, y compris le peuple slovaque".

Rejeté mardi au Parlement slovaque, le renforcement du FESF peut encore être sauvé grâce à un second vote, organisé avec l'aide de l'opposition mais qui veut en échange des concessions politiques.

Propos optimistes

"Je ne m'attends à aucune complication lors d'une seconde tentative d'approuver l'élargissement du FESF", a déclaré mercredi à l'AFP l'analyste Grigorij Meseznikov, président de l'Institut des Affaires publiques à Bratislava.

Selon lui, l'élargissement du fonds, outil destiné à venir en aide aux pays en difficultés financières, dont la Grèce, sera désormais approuvé "à une grande majorité des voix, la semaine prochaine au plus tard", grâce au soutien des 62 élus du parti social-démocrate Smer-SD.

La Slovaquie est le dernier des 17 pays de la zone euro à devoir approuver l'élargissement à 440 milliards d'euros de ce fonds de secours, décidé le 21 juillet.
Le gouvernement de centre-droit de Mme Iveta Radicova a essuyé mardi soir un cuisant échec quand un parti de la coalition gouvernementale, Liberté et Solidarité (SaS), a réalisé sa menace de torpiller au Parlement l'élargissement du FESF. Du même coup, sa coalition quadripartite au pouvoir depuis juillet 2010 a volé en éclats.

Aussitôt après, le chef du parti Smer-SD Robert Fico, Premier ministre en 2006-2010, a réitéré son soutien au FESF. "La tâche numéro un pour tous les partis qui sont pour le FESF est maintenant de s'asseoir à la table des négociations et d'assurer sa prochaine approbation", a souligné M. Fico en qualifiant cette question de "priorité".

Un autre responsable du Smer-SD, l'ex-ministre des Finances Jan Pociatek, a affirmé que sa formation était prête à soutenir le renforcement du fonds, en échange d'un accord sur des élections anticipées.

Les autres partis de la coalition, le SDKU-DS de Mme Radicova, les chrétiens-démocrates (KDH) et le parti de la minorité hongroise Most-Hid, ont dit oui au fonds. "Le FESF est essentiel pour nous", a résumé le chef de Most-Hid, Bela Bugar.

"Nous souhaitons ardemment que ce (second) vote soit positif parce qu'il faut mettre en place l'ensemble des mesures décidées en juillet qui sont absolument fondamentales pour le sauvetage de la Grèce et pour le renforcement de la zone euro", a déclaré à Paris le chef de la diplomatie française Alain Juppé.

Quatre scénarios possibles

A Bratislava, M. Fico devait s'entretenir mercredi avec le chef de SDKU Mikulas Dzurinda, ministre slovaque des Affaires étrangères. Selon M. Meseznikov, le gouvernement de Mme Radicova "ne bénéficie plus du mandat nécessaire pour des décisions importantes, ce qui va compliquer la position de la Slovaquie au sommet de l'UE" prévu le 23 octobre.

L'un des principaux quotidiens slovaques, SME, évoque des scénarios possibles: l'organisation d'élections anticipées, un remaniement du cabinet sans Mme Radicova, la mise en place d'un cabinet avec la participation du Smer-SD.

Le cabinet de Mme Radicova avait approuvé en automne 2010 un programme d'austérité incluant notamment des coupes dans les salaires des ministres et une forte réduction des investissements publics, ainsi qu'une hausse temporaire de la TVA et des taxes sur l'alcool et les cigarettes.

L'objectif du cabinet de centre-droit a été la réduction du déficit public, de 4,9% fin 2011 à moins de 3,0% en 2013.