Le risque italien commence à faire trembler l'Europe

Par Frank Paul Weber  |   |  509  mots
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Deuxième dette publique de la zone euro, l'ardoise italienne fait craindre une contagion de la crise qui deviendrait incontrôlable. Rome a deux jours pour agir.

Longtemps baptisée « crise grecque », la crise de la zone euro partage désormais le sud de l'Europe en deux. Au sein du « Club Med », il y a les cancres et les mauvais élèves qui font des efforts. « L'Irlande est en train de sortir de la crise, le Portugal va dans la bonne direction et l'Espagne, grâce à son gouvernement, n'est plus en première ligne » a décrit dimanche le Président français. À contrario, lors de sa conférence de presse conjointe avec la chancelière allemande, il a nommé dans le même souffle la Grèce et l'Italie comme les deux enfants à problèmes de l'union monétaire. « Avec la chancelière nous avons rencontré le président du Conseil italien et nous rencontrerons le Premier ministre grec car c'est un ensemble de mesures qu'il faut prendre, mais il faut que les pays concernés soient conscients des décisions nouvelles qu'ils devront prendre. »

Sauf qu'il ne saurait être question d'éponger la moitié de la dette publique italienne, comme les banques et in fine les Etats de la zone euro s'apprêtent à le faire avec les 330 milliards d'euros du total de la dette grecque.

À 1.900 milliards d'euros, l'endettement accumulé par les autorités publiques transalpines n'est pas gérable à coups de Fonds européen de stabilité financière (FESF), même plus « efficient ».

Quatrième dette publique au monde mais pas numéro quatre des puissances économiques, l'Italie présente en outre un risque « systémique ». Un doute sur sa capacité à rembourser sa dette et c'est la contagion à tout le système financier mondial. Près de 830 milliards d'euros de la dette italienne sont en effet dus à des opérateurs étrangers, souvent des banques et des fonds de pension. Les établissements français, qui contrôlent plusieurs banques importantes en Italie (elles mêmes ayant dans leurs comptes beaucoup d'emprunts italiens) à l'instar de la BNL (BNP Paribas), Cariparma (Crédit Agricolegricole), seraient autrement plus concernées par un fléchissement du Belpaese que par le ?désastre grec.

Après avoir réussi à convaincre cet été la Banque centrale européenne (BCE) de racheter massivement des emprunts italiens afin de maintenir bas leurs taux, Paris et Berlin ne veulent plus transiger avec les volte-face du chef de gouvernement italien, Silvio Berlusconi.

Côté allemand, la nouvelle mouture du FESF devra en effet recevoir mercredi de nouveau le blanc-seing du Parlement, ce qui avait déjà été très périlleux fin septembre. « Il n'est pas question de faire appel à la solidarité des partenaires si ceux auxquels on vient en aide ne font pas eux-mêmes les efforts nécessaires », a averti Nicolas Sarkozy à propos de Rome.

Silvio Berlusconi a lui immédiatement « obtempéré » en parlant d'élever l'âge de départ en retraite de 65 à 67 ans. Son partenaire de coalition, la Ligue du nord, y est farouchement opposée et est prête à appeler à manifester contre. Ainsi, l'austérité demandée à Silvio Berlusconi pourrait faire tomber son gouvernement et provoquer de nouvelles élections.