Le directeur du FESF repart de Pékin avec de belles promesses mais les poches vides

Par Viriginie Mangin, à Pékin  |   |  563  mots
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Klaus Regling, le directeur du fonds européen de stabilité financière, était en visite à Pékin pour expliquer les conclusions du sommet européen et avancer sur les modalités de la contribution de la Chine au FESF.

Le directeur du Fonds européen de stabilité financière (FESF)n'est pas reparti de Pékin avec un engagement concret chinois sur un nouvel achat d'obligations européennes.

Klaus Regling était vendredi à Pékin, pour, selon ses mots, « une visite de routine ». Il a rencontré des officiels du Ministère des finances et de la Banque centrale avant de s'envoler pour le Japon. « Je suis ici pour expliquer les conclusions du sommet. Je ne m'attends pas à des résultats précis. Je ne suis pas là pour négocier. Il est beaucoup trop tôt pour cela », a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.

Sa visite n'est pas anodine pour autant. Elle intervient à peine 24 heures après le sommet de Bruxelles qui a élargi les champs d'action du fonds et a arrêté le principe d'entités ad hoc pour le soutenir grâce notamment à de l'argent levé dans les émergents, notamment de Chine.

Si Klaus Regling a refusé de préciser le montant actuel des investissements chinois dans le fonds depuis sa création il a néanmoins lâché qu'elle était « un très bon client ». Depuis janvier de cette année, 40% des obligations du FESF ont été achetées par les pays asiatiques.

Jeudi, le FESF a obtenu deux nouveaux instruments pour sécuriser les investissements et les rendre plus attractifs : désormais le fonds va assurer les titres émis par les gouvernements européens et un véhicule destiné à gérer les portefeuilles financiers issus d'un processus de titrisation va être créé.

« Nous devons décider comment mettre en application ces nouvelles approches et voir avec nos investisseurs comment structurer les produits. Cela ne sert à rien de proposer des produits que personne n'est prêt à acheter », a expliqué Klaus Regling.

C'est justement ces détails qui feront l'objet des discussions avec ses partenaires chinois : le rôle exact du FMI dans ses véhicules d'investissement spéciaux, la partie du prêt sera garantie par le fonds en cas de pertes, taux d'intérêt, etc.

Pour l'instant, du côté chinois, rien ne laisse transparaitre qu'ils investiront effectivement dans des obligations de pays européens garanties par le fonds.

D'après un article du Financial Times, toutefois, plusieurs sources ont laissé supposer que la Chine pourrait investir jusqu'à 100 milliards de dollars. Mais les officiels chinois, tout en se félicitant de l'accord de jeudi, se sont gardés de tout commentaire sur l'aide que pourrait apporter la Chine dans le plan de sauvetage de l'Europe.

Le gouvernement chinois doit convaincre l'opinion qu'un tel investissement se justifie alors que la Chine a déjà de quoi faire chez elle : dettes des gouvernements locaux, faillites en série de ses PME et pauvreté de tout une partie de sa population rurale.

Certaines voix d'économistes se sont élevées pour demander des contreparties qui pourraient passer par la reconnaissance du statut d'économie de marché, qui faciliterait l'entrée dans la zone euro de produits chinois, ou par une garantie des investissements à des biens tangibles.

Aux questions sur d'éventuelles contreparties chinoises, Klaus Regling a martelé qu'elles n'étaient pas à l'ordre du jour et qu'il n'avait en rien négocié des conditions spéciales à l'aide de la Chine. « La Chine a un excédent courant qu'elle doit investir. Elle cherche des investissements solides et sécurisés ».