"Indignés" devant la BCE : ils sont bien partis pour rester !

Par latribune.fr, avec AFP  |   |  520  mots
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Avec tentes, braseros et générateur électrique, une centaine d' "indignés" font toujours le siège devant la Banque centrale européenne à Francfort, et veulent s'installer dans la durée.

C'est un soulagement pour le camp des indignés : la capitale financière allemande a accordé une nouvelle prolongation de deux semaines aux indignés parqués devant l'immeuble de la BCE, les autorisant ainsi à poursuivre leur campement jusqu'au 12 novembre. Depuis son installation  le 15 octobre lors d'une journée de mobilisation internationale, le camp de Francfort s'organise mieux de jour en jour, avec un coin cuisine, un stand d'information et du bois de chauffage en quantité.

"Quelqu'un peut me tenir la caméra pour me filmer?" demande Frank Stegmaier, chasuble jaune et brassard de service d'ordre, qui fait partie du "groupe vidéo". "Nous voulons lancer la semaine prochaine Camp TV, notre propre chaîne sur internet", explique-t-il.

Les médias, le camp les connaît bien. Le mouvement "Occupy Frankfurt" inspiré par son alter ego américain "Occupy Wall Street" s'est formé début octobre grâce aux réseaux sociaux sur internet. Il dispose aussi de sa propre radio internet et l'intérêt des journalistes ne faiblit pas.

Le mouvement s'est constitué en association, a ouvert un compte auprès d'une petite banque alternative et a lancé un appel à des donations. "Nous avons récolté 3.500 euros jusqu'à présent, ce n'est pas assez. Et nous avons besoin d'être raccordés au réseau électrique", poursuit Frank Stegmaier.

Son téléphone ne cesse de sonner. "Ce n'est pas le mien, c'est celui du standard téléphonique du camp dont je m'occupe en ce moment", dit-il. Le syndicat d'un groupe de téléphonie mobile vient d'appeler, en espérant que les militants relaient ses doléances.

La proximité avec les "indignés" est recherchée. Angela Merkel et le futur président de la BCE Mario Draghi ont dit comprendre leurs revendications. Et cette semaine les banques coopératives allemandes ont utilisé une photo d'une de leurs manifestations pour faire leur publicité.

Le camp est aussi populaire auprès des sans domicile fixe du quartier, qui s'y sentent bien acceptés et qui y trouvent des boissons chaudes et de quoi se restaurer. Des associations caritatives les soutiennent, et certains commerçants du quartier offrent leurs stocks d'invendus.

"C'est vrai que le point de départ du mouvement était la protestation contre les dérives des banques et la crise de la zone euro, mais cela s'est vite étendu à des thèmes plus généraux comme la justice et l'égalité" reconnaît Sebastian Drozda, un étudiant de 27 ans.

"Les personnes dans la rue sont les bienvenues ici, du moment qu'ils participent aussi à la vie du camp et qu'ils ne provoquent pas de bagarre", dit-il.

Nul ne veut songer à partir. Surtout pas Maria Kam, 42 ans, sans domicile et sans papiers, qui semble avoir trouvé une seconde famille dans le village communautaire. "Si l'on nous demande de vider les lieux nous manifesterons tant que nous n'aurons pas obtenu une nouvelle autorisation", jure-t-elle.

La prochaine manifestation hebdomadaire des "indignés" était prévue pour samedi à Francfort ainsi que dans d'autres villes allemandes. Plus de 5.000 personnes étaient au rendez-vous de Francfort les deux semaines précédentes.