À la City, le mouvement des "indignés" peine à démarrer

Quelques centaines de personnes manifestent, malgré la crise économique et le plan de rigueur en cours.
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« Nous sommes les 99 %. » Rassemblés près de la Bourse de Londres, le cri de ralliement des manifestants se voulait symbolique : les protestataires disent représenter la majorité de la population, face au 1 % de banquiers et de gouvernants du monde. Mais le slogan prête à sourire : ils étaient à peine 2.000 samedi, et quelque 250 à camper sur le parvis de la cathédrale Saint-Paul depuis deux jours.

Contrairement à Wall Street, Rome, Madrid ou même Bruxelles, la mobilisation des « indignés » peine à prendre au Royaume-Uni. Grâce au prêtre de Saint-Paul qui a autorisé le campement sur le parvis, la manifestation conserve une présence, mais le petit groupe ne semble pas intéresser grand monde. « C'est un début, espère Ronald McNerm, l'un des porte-parole. Nous ouvrons un espace de débat, parce que les 99 % n'ont pas pu s'exprimer jusqu'à présent. » Peter, soixante ans de manifestations à son actif, ajoute : « Il y a beaucoup d'apathie au Royaume-Uni parce qu'il n'y a pas de figure de proue à ce mouvement, pas d'hommes politiques ou de syndicalistes. » L'opposition et les syndicats étaient effectivement absents.

Colère spontanée, Brutale

Les Britanniques ont pourtant des raisons d'être en colère. Trois banques ont été nationalisées, coûtant 100 milliards d'euros à l'État. Un vaste plan d'austérité est en cours : 150.000 postes de fonctionnaire ont été supprimés au premier semestre ; la TVA a été portée de 17,5 % à 20 % ; les frais universitaires ont triplé, et les allocations aux jeunes lycéens supprimées. Enfin, l'économie est au point mort et le chômage progresse. Cette apparente apathie est en partie culturelle. Depuis que Margaret Thatcher a fait plier les syndicats, les manifestations sont mal vues. L'opposition travailliste et les syndicats ne se montrent pas trop revendicatifs, de peur de se mettre la population à dos. De plus, des lois restrictives en matière de grèves rendent leur préparation difficile et lente.

Aussi, la colère s'exprime de façon spontanée, souvent brutale. C'était vrai des manifestations étudiantes il y a un an et des émeutes de cet été. 

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